Pas d'émotion
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le 26 mars 2021
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Encore une de ses œuvres qui a seulement pour elle de ne durer qu’un tome de temps. « Poignant », « Brut », « Émouvant » ; je vous passe la liste des adjectifs, ils auront tout dit sur Mariko. Tout, à défaut de ce qui tient à la réalité. Je recommande, à ces critiques de se reporter au livre de Maurice Barthélemy – le seul talent des Robins des Bois – intitulé Fort comme un Hypersensible. Car à moins d’être plus innervé que vous ne devriez l’être, aucune émotion ne devrait passer à travers vous après la lecture de My Broken Mariko. Aucune sinon l’exaspération. Car si des larmes se sont effectivement dessinées au coin de mes yeux au terme de ce « Périple poignant », ce n’est qu’à force de bâiller.
Les dessins, d’abord, y sont frénétiques quand ils ne sont pas erratiques. Pas au point d’en être perturbant mais inconstant. La protagoniste y est démesurément agitée, passant d’un sentiment exacerbé à un autre pour nous révéler en chaque instant un content bruyant de trop avoir beuglé, s’annonçant à chaque case qui vient comme tapageur et hystérique.
Les yeux et les contours des silhouettes semblent quant à eux avoir été tout droit puisés chez Fire Punch. Il y a dans ces esquisses un bonne dose de Tatsuki Fujimoto rendu sur-expressif par un contenu qui n’a justement rien à exprimer. Ou du moins, qui ne sait pas le faire.
Ah vous en aurez, supposément pour vous émouvoir, de ces croquis de jeune fille pure et innocente, brisée par la vie, mais molletonnée dans les bons sentiments, exhibant ses grands sourires excessivement joviaux en rafales. La pudeur et la retenue sont toute deux résolument absentes de la mise en scène. On veut nous arracher quelques tendres sentiments et nous menaçant de la pointe d’un crayon, mais je ne cède pas au terrorisme. Surtout lorsqu’il s’accomplit si mal.
Du Mignon Pleurnichard plein les pages ; on lui donnera ce sobriquet bien que de nom, ce registre n’en mérite aucun du fait que son existence ne soit aucunement souhaitable. Tout cela est abominablement patelin dans le procédé, car à défaut de suggérer chez nous quelques sentiments, l’œuvre tente d’émuler une tristesse affectée qui ne nous parvient par aucune voie si ce n’est celle tortueuse d’une mignardise mal déguisée.
On a accouché sur papier un film d’auteur babillard à la mélancolie controuvée dont les jeunes filles en fleur diront qu’il s’agit d’une « gifle en plein cœur ». Ça n’est que mièvre et larmoyant, pataud sans être pathétique, criard et habillé d’une tendresse doucereuse : c’est tout ce qu’il faut pas.
Comment, de toute manière, parvenir à nous émouvoir sur le sort de personnages qui ne nous ont pas été présentés ? Des personnages qu’on nous a jetés au travers de la gueule en un chapitre pour nous ensevelir aussitôt sous du misérabilisme traité par-dessus la jambe.
Voilà qu’on nous sort en plus un héros improbable au troisième chapitre, débonnaire au point de faire baisse le museau à un labrador. Qui pour y croire, à ce personnage ? Et aux autres ? Et au reste ? Qui pour s’y intéresser, alors ? Rien ne sent le vrai, ni n’en a l’arôme ou seulement l’apparence. C’est un drame spécieux dont on est le spectateur ; un drame qui n’en est pas un et qui, bien qu’il se force à l’être, l’est de moins en moins à force qu’il s’obstine à vouloir s’exhiber.
L’histoire – heureusement – se sera conclue presque aussitôt qu’elle se sera orchestrée. Je n’ai pas compris – et peut-être bien ne souhaite même pas comprendre – comment un pareil manga, avec si peu de contenu, et aussi mal articulé par une scénographie franchement m’as-tu-vu, a pu être un semi-phénomène éditorial.
C’est chiant comme la pluie et ça ne vous mouille même pas. Qui pleure devant pareille œuvre est décidément trop sensible pour son bien. Je devine – j’ose – que le public cible se veut lourdement œstrogéné, car à moins que les hormones s’en mêlent, la cervelle – si elle est bien faite – vous prévient de tous les effets de manche d’une mise en scène lamentable et désespérée dans ses tentatives de vous arracher la larmichette. Il y en a de trop de ces mangas comme celui-ci, et s’il persiste à se trouver des couillons pour se laisser enrhumer, on va encore avoir le nez qui coule pour longtemps.
Créée
le 2 nov. 2024
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