Avec Nao - Aquablue, tome 1 (1988), Thierry Cailleteau et Olivier Vatine nous plongent dans une aventure aquatique où les vagues de l’océan se mêlent aux tourments de l’âme humaine et des intérêts capitalistes. À mi-chemin entre Avatar et Tarzan, cet album nous raconte la destinée de Nao, un blondinet égaré qui découvre un paradis bleu… juste avant que les méchants terriens ne viennent y semer le chaos.
Tout commence quand le jeune Nao, unique survivant d’un accident spatial, échoue sur la planète Aquablue, un monde recouvert d’eau peuplé d’indigènes bleus aux coutumes paisibles. Adopté par les habitants, il grandit dans une harmonie aquatique parfaite, nageant comme un dauphin et s’intégrant mieux que si c’était sa planète d’origine. Mais bien sûr, les terriens cupides débarquent avec leurs gros sabots pour piller les ressources et polluer ce petit éden. Résultat ? Nao, armé de courage et d’un slip minimaliste, décide de défendre sa planète d’adoption.
Nao, c’est le héros idéaliste par excellence. Naïf mais volontaire, il est à la fois le porte-drapeau de l’écologie et le symbole du "gars trop pur pour ce monde". On l’aime pour son côté candide et ses aptitudes aquatiques dignes d’un champion olympique. Autour de lui gravitent des personnages archétypaux mais efficaces : les autochtones sages et en harmonie avec la nature, et les humains terriens incarnant les pires aspects de la société moderne. En bref, c’est un combat "poissons contre pollueurs" où les méchants ne font même pas semblant d’être subtils.
Visuellement, Olivier Vatine signe une superbe performance. Les paysages marins d’Aquablue sont somptueux : des lagons turquoise, des créatures aquatiques fantastiques, et une palette de couleurs qui donne envie de partir en vacances… sans usine pétrochimique à l’horizon. Les scènes d’action sont dynamiques, et les personnages – même les méchants stéréotypés – sont parfaitement caractérisés. On sent que Vatine s’éclate avec les fonds marins et les ambiances exotiques.
Narrativement, Thierry Cailleteau propose une histoire solide qui, bien que classique, est rondement menée. Les thèmes abordés – l’écologie, la colonisation, et la confrontation des cultures – sont traités avec efficacité, même si on reste parfois un peu dans le manichéisme. Les terriens sont tellement caricaturaux dans leur méchanceté qu’on se demande s’ils ne cherchent pas à battre un record de "capitalisme toxique" en un seul album. Mais ce n’est pas bien grave : on est là pour l’aventure, et de ce point de vue, Nao tient toutes ses promesses.
Le rythme est bien équilibré, alternant moments de découverte, tensions dramatiques, et batailles aquatiques épiques. Même si l’histoire reste prévisible, elle fonctionne grâce à son énergie et à l’exotisme de l’univers. On est happé par ce monde fascinant, tout en croisant les doigts pour que Nao parvienne à botter les fesses des pollueurs avant qu’ils ne réduisent Aquablue en bouillie.
En résumé, Nao - Aquablue est une entrée en matière réussie qui mélange aventure, écologie et science-fiction avec une belle maîtrise. Cailleteau et Vatine construisent un univers immersif où l’on rêve de plonger, même si l’intrigue manque parfois de subtilité. Un premier tome rafraîchissant comme un plongeon dans un lagon… mais attention aux requins terriens en costume-cravate !