Newburn : Un comic book en deux tomes de chip zdarsky au scénario et jacob philips au dessin.

NB : La série se termine avec ce deuxième acte.

Nos deux compères reviendront peut être plus tard dans cet univers mais vous pouvez y aller sans crainte il y a une conclusion satisfaisante à la série.

Il s'agit d'un très bon polar dans le registre "noir", très proche de ce qu'ont fait le père de Jacob et Ed Brubaker sur Criminal.

On y suit le personnage d'Easton Newburn, "sorte de Georges Clooney mais qui ne sourit pas".

Un ancien flic, devenu détective privé, à la clientèle particulière puisqu'il travaille pour le crime organisé et les différentes familles mafieuses.

Son métier consiste en fait à maintenir la "pax mafiosa" en résolvant des enquêtes qui normalement se solderaient par des vendettas entre familles rivales.

Lors de la première enquête présenté, il recrute une jeune femme en qui il décèle un talent - Emily Star - qui va devenir au fur et à mesure sa coéquipière.


Le scénario est composé d'une succession d'enquêtes relativement courtes, quasi indépendantes les unes des autres, avec pour unique fil rouge la figure tutélaire de Newburn.

Le récit ne connait pas de temps morts, le rythme est soutenu, on plonge dans cet univers de la mafia comme on s'enfonce dans la nuit noire à la suite et dans les pas d'Easton Newburn.

Le personnage d'Emily nous sert d'intermédiaire et de guide dans cette histoire : puisqu'on découvre en même temps qu'elle les ficelles de cet univers.


Les personnages sont tous impeccablement écrits et terriblement attachants et intrigants :

  • Easton Newburn : la cinquantaine, taiseux, ambigüe, possédé par un désir d'absolu : résoudre des énigmes et connaître la vérité peu importe le prix.
  • Emily Star : Quand on la rencontre, elle est une petite escroc en bas de l'échelle prise dans une affaire qui la dépasse. Mais déjà, on note comme Newburn qu'elle a beaucoup de potentiel. Son personnage va s'étoffer tout au long de ces deux tomes : elle va gagner en assurance, on va en apprendre plus sur son passé... Il s'agit vraiment d'un rôle féminin fort et touchant, absolument pas cliché, et puis comme évoqué plus haut on va rapidement s'identifier à elle car c'est Emily qui va nous servir de guide dans cet univers.

En outre, le récit n'est vraiment pas manichéen, les personnages ne sont pas des enfants de choeur c'est certain mais pas vraiment totalement des crapules non plus.

Si Newburn et Emily sont les personnages principaux, ils ne sont pas non plus dépeints comme "des chevaliers blancs", motivés par le seul désir d'exposer la vérité.

Ils sont aussi (et surtout) dans cette profession, comme leurs riches clients mafieux, pour gagner de l'argent, beaucoup d'argent.


Côté dessin, Jacob Philips fait des merveilles.

Bien sûr on sent l'influence de son père Sean mais je pense vraiment que jacob a un talent distinct de celui de son père ; je ne saurai pas bien mettre le doigt dessus mais pour l'instant tout ce que j'ai lu dessiné par lui est franchement de très bonne facture.


Son style est percutant : entre Criminal et Parker pour vous situer.

En quelque cases et très peu de paroles, il arrive vraiment a installer une ambiance dingue.

Même lors des phases de dialogue, le dessin nous fait ressentir la tension permanente présente dans ce milieu...la nervosité ambiante, quasi palpable, la sensation d'être en permanence sur un fil, dans la gueule des loups.


J'aime aussi les petits détails visuels que Jacob ajoute qui donne de la crédibilité au récit : Le fait qu'au fur et à mesure du récit, Emily est dessinée avec des vêtements de plus en plus chics à mesure qu'elle évolue dans cette société, à mesure qu'elle s'enrichit tout simplement.

Ce n'est peut être qu'un détail parmi d'autres mais je trouve que c'est ces petits "rien" qui apporte de la vraisemblance et de l'épaisseur à l'univers.



Un mot enfin sur les couleurs : je trouve le choix des couleurs somptueuses.

La palette de couleurs utilisée s'adapte parfaitement aux évènements narrés (scènes de dialogue en clair obscure, de tensions, d'actions...etc) et participent avec nuance à créer une ambiance feutrée, intimiste, qui caractérise parfaitement ce spectacle de marionnettes qu'est la grande famille du crime organisée ; où les grandes décisions sont collégiales et se prennent à l'abri des regards, derrière des portes fermées.

On voit que son travail en tant que coloriste sur les oeuvres de son père a payer ; c'est du très bon boulot.


Bref, si vous êtes en manque d'une dose de Criminal ou de Reckless, je vous recommande chaudement de vous pencher sur ce magnifique comics de Zdarsky et Philips : c'est de la très bonne came.

Et suffisamment original pour s'émanciper de ces illustres ainées.

En plus, c'est en deux tomes et on est pas frustré à la fin.

Et...Bref vous m'avez compris, c'est top! FONCEZ!

Machab
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il y a 6 jours

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