Je ne crois pas qu’il soit impossible de réaliser une bonne biographie en bande dessinée, mais je dois dire que mes deux dernières expériences en ce domaine n’ont pas été très convaincantes. Après Freud, me voilà face à un one shot au titre alléchant, Ni dieu ni maître, Auguste Blanqui l’enfermé.
Bien qu’on ait 200 pages - ce qui laisse tout de même plus de possibilités qu’en 48 – ce récit n’est pas satisfaisant. Si, sur le plan graphique, Loïc Locatelli Kournwsky a pu s’exprimer non sans un certain brio, le résultat sur le plan du récit et de ce qu’on apprend sur Blanqui est bien pauvre : ce qu’on retient, c’est qu’il a passé plus de la moitié de sa vie en prison : à chaque sortie il participait à des sociétés secrètes et des mouvements visant par exemple à renverser la monarchie, avant de se vite faire arrêter. On retient qu’il a été plus ou moins impliqué dans différents mouvements des trois glorieuses à la Commune. Sur le fond de ses idées, pas grand-chose, on est dans l’action ou la posture plus que dans la pensée. Et, il faut bien le dire, c’est malheureusement dans l’avant-propos de Maximilien Le Roy qu’on apprend le plus de choses sur Blanqui, sa pensée et l’importance de son positionnement… De la même façon, Blanqui croise des personnages importants de l’époque, mais c’est beaucoup trop allusif pour qu’on puisse y trouver un réel intérêt. Bref, on reste sur sa faim.
Maximilien Le Roy, dans l’avant-propos, annonce que le récit n’est pas une hagiographie. C’est juste. Si l’abnégation de Blanqui et la fidélité à des idéaux sont remarquables, on n’est pas ici plus que ça attiré par ce personnage ; une distance est mise entre nous et lui, comme si les auteurs, voulant ne pas le mettre trop en avant, nous l’avaient un peu trop éloigné, nous empêchant par là même d’adhérer au récit, de s’identifier un tant soi peu à Blanqui.
Sur le plan graphique, c’est très bien, Loïc Locatelli Kournwsky est un dessinateur à suivre, le trait, les couleurs, tout est très bien. Mais pour une aventure prenante ou un récit précis de la vie de Blanqui, on passera son chemin.