Prolongeant judicieusement les éléments du premier tome, ce nouvel opus de No Guns Life nous propose cinq nouveaux chapitres ainsi qu'un one-shot réalisé par l'auteur avant la prépublication de la série.
Un tir dans le ciel et puis...
L'utilisation du canon de Jûzô afin d'éliminer Ende à la fin du tome un n'allait pas rester sans conséquence. L'EMS, un bureau de l’Agence pour la Reconstruction en charge des affaires liées aux extends intervient. C'est de ce bureau que Jûzô tient sa licence pour travailler... et éviter de finir en pièces détachées. Jûzô va devoir rendre service à Olivia, la chef de l'EMS, pour que tout se termine bien.
La mission confiée voit Jûzô faire équipe avec le commandant Krohnen de l'EMS. Adepte des aiguilles, roulant dans une voiture datant de l'avant-guerre (ce qui lui donne un tout petit côté Kyōma Mabuchi – Dimension W) Krohnen n'apprécie pas particulièrement Jûzô mais les événements vont les pousser à coopérer.
EMS et Berühren : les liaisons dangereuses
La compagnie Berühren est pourtant absente de ce volume mais intervient pourtant dans les propos. Officiellement l'Agence pour la Reconstruction et Berühren ne sont pas dans les meilleurs termes. Officieusement, une collusion existe : Berühren dispose d'un monopole pour fabriquer le matériel nécessaire pour brider les Extends arrêtés par l'Agence. Par conséquent pour que Berühren apporte son aide, l'Agence doit faire quelques gestes conciliants de temps en temps. Des gestes qui ne plaisent nullement à Olivia qui souhaiterait changer la donne. Mais ses supérieurs (masculins) ne partagent pas forcément son point de vue.
Se souvenir pour avancer ?
Si le développement du personnage de Jûzô n'est pas laissé en stand-by le volume se concentre surtout, à mes yeux, sur un thème clé : le passé. Le monde de Jûzô essaye d'oublier la guerre, de passer à autre chose (voir le one-shot sur cette thématique), à l'instar de celui de Levius. Passer à autre chose constitue une démarche qui demande du temps, qui a besoin de ses symboles, de ses héros et de ses vilains.
Mais la répartition des rôles est-elle si évidente ? N'y a-t-il que du blanc et du noir ? Á ce stade il est permis d'en douter. Faire la lumière sur le passé n'est pas la priorité de tout le monde et cette tendance contraste avec celle de Jûzô, qui veut se souvenir de sa vie avant sa mécanisation. Où l'on retrouve un propos célèbre de Tocqueville (De la démocratie en Amérique) : « Le passé n’éclairant plus l’avenir, l’esprit marche dans les ténèbres. »
Dessin, édition, traduction
Tasuku Karasuma continue d'organiser ses planches de la même manière (trois rangées de cases par page, la seconde étant souvent constituée d'une case occupant toute la largueur), de privilégier les cases rectangulaires et de n'autoriser que ponctuellement un personnage (Jûzô) à en sortir. L'édition du volume est similaire à celle du premier et la traduction est toujours assurée par Miyako Slocombe, autant dire que nous sommes entre de bonnes mains. On lit les dialogues tout en s'amusant à prendre les intonations des différents personnages et à imaginer celle de Jûzô.
« Ne crois pas que cela soit fini Monsieur à la tête de revolver... »
No Guns Life continue à développer une intrigue qui se révèle plus que prometteuse. Si les sujets abordés sont loin d'être roses, l'humour n'est pas absent, ce qui évite d'avoir une atmosphère trop pesante. Pour autant, Jûzô aura bien mérité quelques cigarettes pour se remettre de la journée qu'il vit.
Critique version longue et illustrée à retrouver en cliquant ici.