Nobles paysans par Ninesisters
Comme son nom ne l’indique pas, il s’agit d’une autobiographie par l’auteur de Fullmetal Alchemist, mais axée sur sa vie avant qu’elle ne devienne mangaka, c’est-à-dire alors qu’elle était esclave de la ferme familiale. Enfin non, ce n’est pas tout-à-fait exact. La série mélange informations et réflexions sur le monde paysan et son impact sur le Japon (mais tout-aussi valables en France la plupart du temps), anecdotes/tranches de vie, et discussions avec sa responsable éditoriale, prototype de la citadine 100% pur jus qui n’avait jamais dû voir une vache de sa vie avant de se rendre à Hokkaido.
Contrairement aux apparences, et même s’il y a forcément pas mal de points communs entre les deux, Nobles Paysans ne fait pas doublon avec La Cuillère d’Argent, puisque ce-dernier propose une véritable histoire de fond et se focalise sur un lycée agricole ; mais nous sentons à quel point il peut être autobiographique à la lecture de cet ouvrage. Nobles Paysans n’a pas de structure définie, ni de fil rouge ; il s’agit d’une compilation d’instants de vie, datant soit de la jeunesse de l’auteur, soit de maintenant, mais toujours centrés sur le monde paysan. Autant dire que ce manga, même s’il est instructif et souvent drôle – elle n’a plus à nous prouver son talent comique – ne serait jamais sorti du Japon sans la notoriété de Hiromu Arakawa ; quelle que soit sa qualité, ça aurait été un bide…
Hiromu Arakawa qui nous prouve aussi avec ce manga être une sacrée sadique. Si vous ne vous êtes pas remis de l’histoire de Côtelette dans La Cuillère d’Argent, évitez ce manga où nous voyons des veaux emmenés à l’abattoir en criant « Maman » ou se demandant, l’air innocent, où ils vont. Un coup à vous dégouter des steaks.
Paradoxalement, ce qui m’a le plus impressionné de ce premier tome, ce sont les voleurs de légumes. Il faut dire que compte-tenu de leurs prix au Japon, je peux comprendre… Et pendant ce temps, ils jettent à la poubelle tous légumes non calibrés ou disgracieux car les consommateurs n’en veulent pas… L’auteur se montre d’ailleurs critique à leur sujet, ainsi que vis-à-vis du gouvernement. Mais quitte à critiquer, rien sur les Aïnous qui peuplaient Hokkaido avant que l’île ne soit « colonisée » ?
J’ai cité à plusieurs reprises La Cuillère d’Argent, et c’est tout sauf un hasard : si vous voulez lire un manga agricole par Hiromu Arakawa, autant choisir celui-ci, qui, s’il est un peu moins personnel, bénéficie d’un scénario et distille déjà de nombreuses informations. Et puis, il est tout simplement excellent. Par rapport à ça, Nobles Paysans serait plus une curiosité, dont je ne conseille donc pas forcément l’achat. De plus, l’édition est légèrement plus luxueuse que d’habitude pour Kurokawa, et le prix s’en ressent malgré un nombre de pages réduit. Bon, dans la mesure où je l’ai commencé, que j’ai passé un bon moment, et que l’auteur n’a publié que deux tomes en 4 ans, je ne pense pas m’arrêter là. Mais à moins d’être un acharné de l’auteur ou passionné par l’agriculture, je ne recommande pas de se lancer dans ce titre.