Quand on parle de Yôkai et de Manga, on pense immédiatement a Shigeru Mizuki qui leur a fait très tôt une place de choix dans son œuvre (Kitaro le repoussant, Kappa et Cie, Le dictionnaire des Yôkai…)
Récit « tranche de vie » clairement autobiographique, NonNonBâ nous permet de découvrir grâce a qui mais aussi comment Mizuki a développé son imaginaire, son « bestiaire » et son goût du folklore et des monstres japonais.
Avec en arrière-plan le portrait d’une ville de campagne et de quelques uns de ses habitants dans le Japon d’avant-guerre.
Chaque chapitre est une histoire et une étape initiatique dans la vie du jeune Mizuki, tantôt grave et fataliste, tantôt plus légère et joyeuse.
C’est en traversant tous ces épisodes que Mizuki se forgera son expérience et son background qui lui serviront de base pour son œuvre.
En plus de NonNonBâ et de sa vision de la Vie « à l’ancienne », on découvre aussi les frères et les parents du jeune Mizuki ;
Le père qui a une vision détachée et épicurienne de la vie d’adulte et de l’enfance, la mère qui, forte du passé « prestigieux » de sa famille, essaye quant à elle d’inculquer à ses fils les valeurs traditionnelles japonaises.
Mais aussi les copains, les voisins, etc., qui amèneront tour à tour leur lot d’ennuis, d’aventures et de situations qui formeront le jeune Mizuki.
En plus de la découverte des Yôkai et autres histoires du folklore japonais, c’est aussi par son immersion dans le tissu social et la vie quotidienne au cœur d’un village de province que NonNonBâ prend toute sa dimension.
Même ce qui parait anodin de prime abord (jeux, maladie, travail, mort…) prend une autre dimension quand on prend la peine de lire entre les lignes…
On y découvre la complexité des liens sociaux et humains et quelques-uns des codes et rites qui régissent la société japonaise de l’époque.
L’édition de Cornelius est très belle et rappelle les vieux romans avec sa couverture rigide et cartonnée (avec impressions en relief) , son marque page en tissu rouge et ses pages de couvertures dans les tons rouges/orangés.
Petit bémol, la jaquette volante est assez bizarre ;
C’est une grande page plié et non coupé et le tout est assez mal fini quand on y prête attention.
L’impression est nickel et hormis quelques coquilles rien de notable à signaler.
Une œuvre à lire ne fut-ce que pour comprendre et appréhender une partie de la société japonaise à un moment « T » mais aussi et surtout pour découvrir l’enfance et les influences de celui qui deviendra le mangaka le plus marquant de par sa connaissance et son approche des monstres du folklore japonais*.
*Shigeru Mizuki est le président de la Sekai Yôkai Kyôkai (association Mondiale pour les Yôkai).