Suite au final de l'event Avengers vs X-men (que je n'ai pas lu, par manque d'intérêt... les affrontements entre héros commencent à devenir un peu redondants), un Cyclope à l'esprit torturé a tué Charles Xavier tandis que Hope Summers a réussi à réactiver le gêne mutant chez des milliers d'individu. Les mutants sont donc bel et bien de retour, mais cet événement ne fait qu'accroître le sentiment de haine des humains vis-à-vis des Homo Superior, qui sont de nouveau martyrisés par la foule... Bref, rien de nouveau sous le soleil ? Eh bien non, car Remender a enfin trouvé un angle nouveau afin d'aborder ce sujet pourtant habituel des séries X-Men. En effet, il propose l'idée que des mutants puissent travailler avec des humains au sein d'une même équipe dans le but de prouver au public qu'une telle collaboration est possible, plutôt que de laisser les Homo Superior vivre en autarcie entre eux dans un manoir isolé. Le discours final d'Havok montre d'ailleurs bien la prise de position du scénariste sur ce débat qui fait rage dans l'Univers Marvel, et qui bouscule un peu les idées véhiculées par les séries X depuis des dizaines d'années, tout en restant assez proche du postulat de départ proposé par Lee à travers le personnage de Charles Xavier. Remender pose une idée terriblement simple, qui avait déjà été légèrement effleuré par d'autres auteurs (les accusations sur les mutants de l'équipe dans Ultron Unlimited par exemple), mais va ici jusqu'au bout de sa pensée, de son raisonnement, pour nous proposer un pitch diablement efficace. J'ai également apprécié que des tensions commencent déjà à pointer le bout de leur nez au sein de l'équipe : on peut ainsi voir des relations plus véritables (car sérieusement, dans quel monde tout le monde s'entend-il parfaitement bien à l'intérieur d'un groupe ?) entre des personnages au caractère très bien défini, et qui possèdent tous des qualités mais également un certain nombre de défauts, ce qui rend plus facile l'identification pour le lecteur. Ainsi, Cap tente toujours de rester un homme droit et honnête mais éprouve certaines difficultés à laisser le leadership à quelqu'un d'autre, la Sorcière Rouge a des sentiments de remord suite à ce qu'elle a fait (son sort final de House of M) et tente de se racheter auprès de tout le monde,... Et il ne faut pas oublier Havok, un protagoniste assez secondaire dans les aventures du groupe mené par son frère, et qui se trouve ici littéralement poussé sous les projecteurs, ce qui nous permettra de mieux connaitre la personnalité de ce mutant souvent en retrait, et ses doutes vis-à-vis du fait de diriger une équipe de Vengeurs.
Mais le scénariste ne passe pas tout son temps à dresser des portraits de ses personnages, il nous offre également une histoire trépidante, en lien avec son sujet principal : Crâne Rouge a acquis le cerveau du Prof X (encore une fois, il fallait y penser !) et se donne pour but d'instaurer une haine incontrôlable envers les mutants dans le cerveau de plusieurs dizaines de civils, les forçant à commettre des actes horribles. Un postulat très très alléchant donc et l'histoire parvient la plupart du temps à tenir ses promesses, nous livrant des passages épiques ponctués d'action, de drame et de violence presque choquante. Malheureusement, le but de Crâne est un peu flou : il se perd en effet dans ses objectifs, voulant unir l'humanité sous son règne en se servant de leur répulsion envers la race mutante, mais utilisant ses pouvoirs une fois pour obliger des civils à massacrer des mutants (d'accord, logique) mais aussi d'autres hommes parfaitement normaux (hein ?), et une autre fois pour demander à Wanda de relancer son sort pour effacer le Gêne X (mais dans ce cas, il ne restera plus personne à haïr...). De plus, certaines incohérences et autres points un peu gênants dans l'intrigue viennent quelque fois gâcher notre plaisir : l'évasion incompréhensible de Malicia, le comportement insupportable de cette même héroïne durant la dernière partie de l'histoire,....
C'est John Cassaday qui s'occupe de la majeure partie des dessins dans ce volume, et il fait la plupart du temps un boulot très correct : les scènes d'action sont assez dynamiques, les décors sont plutôt bien travaillés lorsqu'ils sont montrés et parviennent à faire passer le ressenti de la scène... Toutefois, j'ai trouvé que certains de ses personnages avaient l'air un peu absent, et donnaient l'impression de machines en panne lors de certains moments, de par leur expression un peu vide et leurs mouvement raides. C'est Olivier Coipel qui s'occupe des quelques dernières pages finales, et il a un style qui me parle un peu plus, qui a l'air un peu plus fluide. Malheureusement, je trouve ça dommage qu'il ait choisi de donner un décolleté plus que plongeant à la Sorcière Rouge, ce qui crée un contraste évident avec ses collègues à l'anatomie assez normale et aux vêtements n'en révélant pas trop, et qui dégrade un peu un personnage que j'apprécie en la dessinant comme la bimbo de service...
En bref, un premier tome qui possède tout de même quelques défauts, mais qui n'est pas avare en qualité, notamment en ce qui concerne l'écriture des différents personnages ! C'est cette caractéristique qui me donne principalement envie de poursuivre ma lecture de cette série, en plus de vouloir savoir l'histoire se cachant derrière ces quelques pages intrigantes avec les jumeaux Apocalypse et Onslaught...