Watchmen - Les Gardiens par Donald Duck

Même si je ne suis pas le plus grand fan de la filmographie de Mr. Snyder, il faut cependant reconnaître que le bonhomme possède définitivement un style bien à lui, laissant dans ses films l'empreinte d'une esthétique particulière qui le démarque d'un des nombreux "Yes Man" peuplant Hollywood. Le problème étant que la plupart des scénarios de ses oeuvres (Sucker Punch, Batman V Superman, Man of Steel ) n'entraînent que chez moi des sentiments évoquant l'incompréhension et l'ennui (surtout quand on combine cela à l'habitude du réalisateur de prendre l'appellation "long-métrage" un peu trop à la lettre). Il fallait donc pour moi un film au scénario finement ficelé pour pouvoir apprécier à sa juste valeur (défaut y compris) la réalisation de Snyder. Et ici arrive donc Watchmen, que je n'ai réussi à dénicher qu'en sa version (très) longue de 3h30.

Adaptation controversée d'un comic book que je n'ai pour ma part jamais eu l'occasion de lire (il n'y aura donc pas de comparaison dans cette critique), Watchmen nous pose dès sa scène d'introduction, que je peux clairement qualifier de fantastique, les bases de l'univers dans lequel nos protagonistes vont évoluer : nous nous retrouvons donc plongés dans une année 1985 qui n'a jamais existé, où les super-héros sont clairement interdits après avoir vécu des décennies de gloire et où la tension entre les blocs est et ouest est à son comble, une guerre atomique menaçant d'exploser à chaque instant. Est-ce que nos vieux héros vont sortir de leur retraite pour aller empêcher la destruction du monde ? Et bien non, Watchmen, malgré son nom assez évocateur, est assez éloigné du film de super-héros classique : il n'y a pas de véritable méchant, les scènes d'action sont bien présentes mais sont loin d'être le point d'attention du film et nos héros sont très éloignés de leurs plus connus collègues. Le véritable plaisir du film sera de suivre une flopée de personnages, tous incarnés avec brio par leurs acteurs, et de découvrir leurs origines et leurs personnalités tourmentées : les plus intéressants seront Rorschach, justicier clairement marginal et violent mais le seul à ne pas vouloir raccrocher son activité et conservant un code de l'honneur bien à lui, et le Dr Manhattan, être ultra-puissant se détachant de plus en plus de toute humanité (la séquence sur sa "naissance" est d'ailleurs la meilleure du film).

L'ambiance du film est très sombre, non seulement au niveau visuel mais aussi scénaristique : on nous plonge dans une société d'extrême violence et de débauche mais qui, finalement, ne fait que montrer son véritable visage : les flash-backs nous montrent en effet que, sous des aspects nostalgiques et colorés ( avec des rappels à ce que les américains appellent leur âge d'or), les "bons vieux temps" étaient tous aussi remplis de noirceur. Et que dire de cet très bon final inattendu et surtout très pessimiste ! Autre bon point du film : ses dialogues sont très bien écrits et s'insèrent parfaitement dans l'ambiance du long-métrage.

La version (ultra) longue s'accompagne d'un court-métrage d'animation disséminé à travers le film, qui nous narre les aventures d'un navigateur se retrouvant seul en mer après qu'une attaque de pirates ait décimé son équipage. On retrouve ici aussi la tonalité ultra-sombre qui accompagne le reste du film et qui aussi ici assez réussie.... mais l'histoire de cette parenthèse animée est assez prévisible, les dessins sont d'un style qui ne m'ont pas particulièrement plu et le tout n'apporte finalement absolument rien à l'intrigue principale (et le film n'avait nullement besoin d'être plus long) Autre défaut au niveau scénaristique : le climax du film arrive selon moi de façon très abrupte et précipité, rompant avec le rythme de l'oeuvre.

Ce long-métrage est donc, comme je l'expliquais dans mon introduction, le moyen parfait d'observer avec plaisir le style particulier de Snyder... mais inévitablement, d'y retrouver certains de ses défauts. On appréciera ses scènes d'action violentes mais très bien filmées, ses ralentis utiles et impressionnants, ainsi que certains de ses plans imaginés comme une belle case de bande dessinées venant à la vie. On appréciera moins ses effets gore tellement abusés qu'ils en deviennent presque burlesques ou encore certains des costumes ridicules des personnages qui ratent totalement la transition à l'écran ( Le hibou, Ozymandias). La bande-son, quand à elle présente du très bon (la musique accompagnant l'introduction ou encore celle accompagnant les souvenirs du Dr.Manhattan)... malgré l'apparition incompréhensible du morceau 99 luftballons au détour d'une scène de restaurant.

En conclusion, Watchmen est somme toute un assez bon film nous présentant des personnages intéressants, un univers très pessimiste mais réussi et un style qui plait souvent à l’œil. Je recommanderai tout de même de regarder simplement la version normale, le court-métrage animé n'apportant rien à l'ensemble.