Le seinen ecchi de Wakoh Honna ne se contente pas de nous proposer de jouer les voyeurs mais surtout de suivre aussi un drame psychologique inattendu. Lorsque le jeune provincial Kido s'installe à Tokyo pour intégrer une école d'art et design, il se rend compte que la cloison de son studio est percée, lui permettant ainsi d'espionner l'intimidé de son étrange voisine, Emiru Ikuno elle aussi étudiante en design. Et c'est ainsi le début d'un engrenage infernal pour le gentil Kido, ne se doutant pas une seule seconde de quoi va être capable Emiru (et le lecteur non plus). Par ses très nombreuses scènes chaudes et son langage cru, la minime censure évite de peu à Nozokiana la catégorie hentai alors qu'il pioche pourtant un peu à tous les rateliers. Un brin de thriller qu'un Brian de Palma n'aurait pas renié dans ses films début eighty's (houlà, la tentative de viol dès le premier tome.), un chouia shojo par moment avec des passages insouciants et légers, c'est surtout sur le drame psycho que le récit veut se faire valoir. On peut dire que la mission est dès plus réussies, surtout sur le tome 5 (étonnament destructeur) et 12 (les révélations tant attendues). Mais qui est donc Emiru Ikuno? Qui est cette jeune fille au regard perdu et blasé, jouant un coup l'ange gardien protectrice puis soudain la manipulatrice perverse envers ce pauvre Kido, qui ne sait plus quoi penser d'elle? L'auteur distille intelligemment les infos au compte-goutte sur son héroïne, portant sur son menu physique tout le poids de l'intrigue. Mais les autres personnages ne sont pas pour autant oublié: derrière leur aspect lisse et une fois confronté au voyeurisme, chaque connaissance de Kido dévoile une facette inattendu de leur personnalité. Les dégâts psychologiques que peuvent faire un simple trou dans une cloison sont lourds et n'épargneront aucun personnage de cette tortueuse spirale. Pourtant, il suffirait juste à Kido de poser un peu d'enduit sur sa cloison et le problème serait réglé. Mais avec Emiru, ce qui parait simple devient toujours très compliqué. Même si le traitement n'est pas toujours parfait chez certains persos (Makoto Horii dans le second tome), et que certaines scènes font dans la gratuité facile, Wakoh Honna livre dans l'ensemble un boulot de qualité sur ses 117 chapitres. Son trait est magnifique et aux p'tits soins pour chaque nouvelle héroïne confrontée à l'énigmatique Emiru. A découvrir, et sans aucune gène.