Je n’ai pas lu Blue Period. Mais en voyant et manipulant Nude Model j’ai été attiré par le contact de mes mains avec la jaquette et cette impression de toucher une toile (ce qui est interdit dans les expositions, sauf mention contraire de l’artiste). Un moyen de rappeler que la lecture n’est pas que visuelle, elle concerne aussi le toucher, voire tous les autres sens.
Recueil de trois histoires courtes (dont la dernière est en 2 parties), Nude Model interpelle par le propos en bas du sommaire ou encore la mention « réservé à un public averti ». Il y a des passages sensibles, surtout dans le second récit. Tsubasa Yamaguchi y offre un récit en milieu scolaire, qui prend une tournure inattendue (et qui aurait pu être encore plus dramatique) à partir d’un point de départ plutôt original : des garçons bourré d’hormones et au langage fleuri voient l’un d’entre eux innover dans un certain domaine, et comme toute bonne innovation, elle va se diffuser…
Le premier récit, qui donne son titre au recueil est d’une obédience plus classique, où 2 êtres se rapprochent suite à un pari, où la mise à nu se fait au propre comme au figuré (l’art comme vecteur de rapprochement du corps et de l’esprit) et où celui ou celle qui profite de l’autre n’est pas forcément la personne que l’on croit.
Le dernier récit nous conduit dans l’univers des bars à hôte•sse•s où 1 docteur va apprendre à vaincre sa phobie du sang. Ayant moi-même quelques difficultés avec la vue du sang (plus à la télévision qu’en vrai, c’est le moment révélation de cet avis) je regrette que la solution offerte ne soit pas aisément accessible et que le récit s’achève de manière brutale. Mais c’est aussi comme ça que la vie fonctionne et la Terre continue de tourner.
Finalement Tsubasa Yamaguchi croise différentes thématiques au sein de ces récits courts tout en offrant des conclusions variées, qui permettent de s’interroger, notamment, sur qui est le vrai personnage principal des récits. Un recueil à feuilleter, peut-être pas LE recueil d’histoires courtes indispensable.