Ma vie avec Clint
Clint est octogénaire. Je suis Clint depuis 1976. Ne souriez pas, notre langue, dont les puristes vantent l’inestimable précision, peut prêter à confusion. Je ne prétends pas être Clint, mais...
le 14 oct. 2016
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La France de 14-18 a porté aux nues ses héros du ciel. Le conflit sur terre était trop meurtrier et celui sur mer trop secondaire pour répondre aux aspirations de la propagande. La population s’est enthousiasmée pour les tableaux de chasse de ses « As ».
René Fonck fut le plus grand. Ce tueur méthodique était un rapace de haut vol qui tombait par surprise sur ses victimes inconscientes du danger. Ce tireur d’exception les exécutait d’une courte rafale dans la tête du pilote avant de reprendre de l’altitude pour réitérer la manœuvre. Efficace, son « tableau de chasse » comptait 75 victimes homologuées pour 200 revendiquées, sans que son appareil n’ait été seulement été touché par un adversaire.
Tels des jouteurs s'engageant sur la lice, Navarre (12 « victoires » homologuées), Nungesser (43 v.) ou Guynemer (56 v.) attaquaient de face. Ils tiraient sur l’avion ennemi, rebroussaient chemin, tiraient encore, jusqu’à ce que le plus fragile des deux ne cède et ne s’écrase au sol. Technique plus chevaleresque, certes, mais moins efficiente et plus risquée.
Le scénario de Fred Bernard s’appuie sur les archives officielles. Son originalité est de passer par la voix et les souvenirs de la maîtresse de Charles, la belle Émilie. L’album s’en trouve enrichi de quelques scènes d’alcôves. La jeune femme est aussi passionnée qu’indulgente pour les infidélités du héros adulé.
Charles Nungesser fuit la boucherie de son père pour s’embarquer à 17 ans pour l’Amérique du Sud. Aventurier, il est tour à tour mécanicien, boxeur, gaucho ou pilote. Sept ans plus tard, il revient s’engager en 1914, accumule les exploits et dix-sept blessures ! Handicapé et réformé, ce « dur au mal » regagne son escadrille sur des béquilles, se fait déposer dans son avion et décolle. La paix revenue, il s’ennuie à mourir et se lance dans la course à la première traversée de l’Atlantique. Sur les 182 as français reconnus, 37 sont morts au combat et 27 se tuent après-guerre dans divers accidents d'avion ! À croire que les rescapés ne supportaient plus une vie sans danger.
Le dessin d’Aseyn est magnifique de précision. Son travail s’inspire des gravures sur bois des journaux de l’époque. Sa lecture exige de la patience, de l’attention, un bon éclairage et des yeux de lynx. Nungesser vole par tous temps, il joue avec le soleil, le brouillard, les nuages et la nuit. Les visages sont traités avec plus de légèreté. Le résultat est surprenant, mais très réussi.
L’Oiseau blanc de Nungesser et Coli disparaitra au large du Canada.
Juin 2018
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Créée
le 28 nov. 2015
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