C’est en lisant un article dans une revue spécialisée à son propos que j’ai découvert Le convoyeur. J’avais été intrigué par cet univers à l’apparence apocalyptique. La couverture confirmait ce sentiment. On y découvre un homme à cheval. Il semble se trouver au milieu d’une ville en ruine. Je trouve le premier contact visuel vraiment réussi. J’ai immédiatement eu envie d’en apprendre davantage et de découvrir qui était ce convoyeur. Le duo d’auteurs m’était jusqu’alors inconnu. Le scénariste Tristan Roulot et le dessinateur Dimitri Armand sont donc des nouveaux venus dans ma bibliothèque personnelle.
La quatrième couverture nous plonge dans le bain en quelques mots : « Sur les décombres de notre civilisation mutante, il n’a qu’une mission : amener à destination ce que vous avez de plus précieux. » Tout un programme…
La couverture était sans équivoque : nous sommes plongés dans un univers postapocalyptique. La rouille a frappé la terre. La légende veut qu’elle soit venue du centre de la Terre. Il s’agit d’une bactérie qui s’attaque au métal. Naturellement, sa propagation a accéléré la fin du monde avec l’effondrement de toutes les structures métalliques. Elle a également impacté la nature humaine à travers la présence de fer dans le corps de chacun…
Le héros donne son nom à la série. On ne le connait sous aucun autre nom que le convoyeur. Il entre dans la catégorie des grands solitaires taciturnes qui inspire un mélange de respect et de peur. Il possède un fonctionnement proche du chasseur de prime. La différence est qu’il n’est pas un « chasseur » mais un « facteur ». En effet, il s’engage à livrer tout « colis » et il n’a jamais fait défaut à ses employeurs. La contrepartie est originale : il faut gober l’œuf proposé par le convoyeur pour finaliser la transaction. Cet œuf fait partie des mystères qui accompagne la lecture…
Après une introduction qui cadre bien le personnage, le scénario se concentre sur une mission confiée au héros. Il est embauché par les femmes d’un village qui ont vu disparaître tous les hommes de leur communauté. Ces derniers exploitaient une carrière et un jour ne sont pas revenus. Il semblerait qu’ils aient été attaqués par des fonges, bestioles mystérieuses mais inquiétantes. L’enjeu apparaît donc simple et facile à s’approprier en tant que lecteur. Est-il besoin de préciser que sa résolution ne va pas forcément s’avérer linéaire ?
L’atmosphère postapocalyptique est joliment construite. Les décors participent fortement à l’immersion du lecteur. L’ambiance désertique et aride, les bâtiments effondrés, les codes du genre sont de sortie pour nous plonger dans ce futur des plus noirs. À cela s’ajoute le fait que les survivants se sont regroupés offrant ainsi une alternance entre des étendues vides et inquiétantes et des zones de présence humaine régie par la loi du plus fort. Les premières scènes posent ces solides jalons qui m’ont séduit. J’étais vraiment capté par ce voyage qui ne laisse pas indifférent.
Le scénario en lui-même ne dénote pas par son originalité. Il utilise clairement les ingrédients classiques du genre. Comme évoquée précédemment, l’ambiance s’inscrit pleinement dans les canons de ce type d’histoire. La trame se construit autour du convoyeur. Les mystères qui l’entourent sont joliment alimentés. Qui est-il ? Quel est son but ? Pourquoi fait-il subir un tel cérémoniel à chacun de ses employeurs ? Quel est son passé ? L’essentiel du plaisir de la lecture réside dans la quête des réponses. À cela s’ajoute la présence des fonges, curieux monstres inquiétants. Évidemment, je suis intrigué par leur origine et leur rôle dans tout cela. Bref, un scénario pas inintéressant qui offre une introduction sympathique à cette nouvelle aventure.
Dimitri Armand est en charge des illustrations. Son rôle est évidemment indispensable dans la réussite de l’immersion dans ce nouveau monde. Le dessinateur s’en sort plutôt bien. Je me suis aisément plongé dans l’histoire et dans son univers. Mon léger regret est le fait que la grande majorité des planches se composent de plans proches des personnages. J’ai le sentiment que davantage de plans larges sur les lieux ou les paysages auraient intensifiés la lecture. Mais cela ne reste qu’une petite remarque qui n’engage que moi. Le travail sur les personnages est bon. Le charisme du héros est en grande partie le fruit de la plume d’Armand. J’ai apprécié le choix des couleurs. Le fait de se concentrer sur des tons orange, marron et noirs habillent la lecture. Les scènes de nuit sont également correctement transcrites sur le plan chromatique.
Pour conclure, Nymphe ouvre correctement cette nouvelle série. Je n’ai été ni ébloui ni particulièrement surpris mais la lecture m’a offert un agréable moment. Je me suis attaché au héros et ai suivi ses aventures avec plaisir. Je pense que je lirai avec joie la suite. N’est-ce pas la preuve que Nymphe atteint son but ?
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