Ô dingos, ô chateaux !
7.2
Ô dingos, ô chateaux !

BD franco-belge de Jacques Tardi (2011)

J'ai toujours voulu lire Tardi mais ne m'y suis jamais résolu. C'est avec son dernier album en date que je décide de m'y atteler. On m'avait dit que Tardi se répétait dans ses BD. Ma critique sera indépendante de ce type de fait, puisque je ne puis faire de comparaison de la sorte.

Le scénario est excellent. D'après l'intro, il s'agirait d'une adaptation d'un des premiers livres de Manchette, un permier livre non dénué de défauts. Je ne l'ai pas lu. La bande dessinée possède par contre un excellent scénario. Le point fort réside dans le double point de vue passionnant; Thompson est un de ces méchants bougres digne d'un film des frères Cohen: il est bon, mais il fait aussi des erreurs (la poisse?) et puis il possède aussi des défauts (son axiété le fait dégueuler à tous les coups). La noirceur du récit est ponctuée par quelques notes d'humour qui permettent au lecteur de respirer. La voix off se mêle habilement au dessin, aux dialogues pour ensuite prendre de la distance et prouver sa légitimité.

Graphiquement, c'est franchement beau. Le dessin est brut, le trait rapide et pourtant la composition est méticuleusement soignée. Le jeu de noir et blanc en est la preuve d'une gestion de maître. Le découpage reste clair malgré de nombreuses ellipses. Les décors sont également sublimes. Une vraie aventure.

En fait, la BD, comme le livre apparemment, a été construit comme un film avec ses personnages, ses décors, son ambiance. D'ailleurs des tas de références cinématographiques ressortent de la lecture. Parfois, c'est l'auteur même qui les souligne en plein dialogue, parfois c'est juste la façon dont l'histoire est mise en scène.

Je n'ai qu'une seul petit problème avec cette oeuvre: la fin est certes menée de main de maître, mais j'en retire tout de même un sentiment de trop peu, comme si la bande dessinée s'était arrêtée trop tôt. En fait, la véritable fin transparaît au travers de la voix off et non dans l'illustration. En même temps il aurait été difficile de mettre en scène les derniers instants sans perdre l'efficacité rythmique installée jusque là... mais je ne sais pas il me manquait quelque chose en refermant le livre. C'était tellement passionnant, j'espérais que ça aille au delà du simple réglement de compte pour cloturer le récit. Ca n'empêche, heureusement, pas d'apprécier l'album à juste titre.

Le petit texte introduisant l'histoire est pourvu d'informations très intéressantes, un peu comme un bonus de DVD pertinent.

Bref, je découvre là un grand auteur de BD que je ne connaissais que de nom jusque là. Je recommande cette bande dessinée, mais attention, l'auteur se montre trash (comme un bon film de série B peut parfois l'être), ainsi gare à ceux que la vue d'un pied arraché par un tir de chevrotine pourrait dégoûter, l'ambiance noir et blanc n'aidant pas à égayer le récit. A lire.
Fatpooper
9
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le 12 févr. 2012

Critique lue 369 fois

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Fatpooper

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