Les achats les plus spontanés ne sont pas toujours les plus sages.
Mais il suffit de feuilleter quelques pages d'Odyssée de Peter Van den Ende pour savoir qu'on ne risquera pas de regretter celui-ci.
Odyssée nous raconte donc simplement l'odyssée (ne me remerciez pas) d'un petit bateau en papier traversant le vaste océan pour trouver un port où s'amarrer.
C'est tout. Une narration dépouillée, fantomatique, qui laisse totalement le visuel prendre le pas sur tout le reste. Aucun dialogue ni bruitage, de rares indications lettrées et beaucoup de place laissée à l'interprétation. Van den Ende revient aux bases mêmes de la bande-dessinée, quand elle n'était encore qu'une histoire racontée par une suite de dessins fixes reliés ensemble dans un cahier.
L'album est presque exclusivement constitué de pleines pages et de doubles pages illustrant des saynètes du voyage du petit bateau. Des visuels tous marqués par un style gravure et un niveau de détails incroyables. Chaque nouvelle page est un festival de visions oniriques, d'animaux et de créatures aquatiques. Les éléments se déchainent, les rencontres insolites se multiplient. Le point de vue étant celui du bateau, le dessinateur s'amuse régulièrement à jouer sur la perspective pour complétement écraser son personnage de papier dans les pages, à le rendre minuscule face à l'immensité de la mer et à ses dangers.
Tout est beau, puissant, toutes ces visions appellent au voyage et célèbrent la vertu de l'imaginaire.
Odyssée, à l'instar de l'épopée d'Homère dont il assume l'héritage, parle un langage universel. C'est le genre d'histoire qui saura parler aux jeunes, aux vieux, aux hommes et aux femmes, sans distinction de couleur de peau, de religion ou autres détails qui n'ont au final que peu d'importance face à la beauté de l’œuvre. Vous ne trouverez pas vos bulletins de vote dans les pages des bandes-dessinées.
Jetez-vous plutôt à l'eau !