On a pas des vies faciles par Sejy
Ouulàà ! J'ai failli lui coller une très vilaine note. Après une dizaine de pages, je m'ennuyais très ferme. Aucunement captivé par le contexte, les débuts et déboires de jeunes créateurs dans le monde de la bande dessinée, et, dubitatif au regard de gags parvenant à peine à m'esquisser un sourire, l'envie d'abandonner me titillait. Plus grave, et sans faire de procès d'intention à l'auteur, j'avais la réelle sensation de revoir tous les éléments du retour à la terre, transposés dans un environnement différent. Un faux air dans le trait, dans le ton, dans les mimiques des personnages ou le découpage en strips. On y retrouve même un chat récurrent. Mon problème, c'est que si cela en avait l'allure, je trouvais que l'on était loin des agréables saveurs de l'oeuvre du grand Manu. Et puis...
Je ne sais pas pourquoi, ni comment, si un élément particulier a fait l'effet de déclencheur ou si les premières cases, que je n'avais pas appréciées, ont permis d'appréhender les caractères des héros, d'intégrer leurs motivations et, involontairement, de m'y attacher. En tout cas, la mayonnaise s'est mise à prendre. Vite. J'ai trouvé la suite vraiment bien meilleure. Conscient d'être peut-être passé à côté de quelque chose, j'ai donc repris entièrement ma lecture. Maintenant plus familier, plus concerné par leurs difficultés, je goûte autrement le quotidien des protagonistes. Et même si la vie d'auteur ne doit pas être toujours rose, j'aime le décalage, le relativisme et l'ironie avec laquelle elle est exposée et traitée. Les plaisanteries, situations ou autres bons mots sont inégalement inspirés, mais je dois reconnaître que quelques-uns m'ont bien fait marrer. Et puis, je les trouve finalement très sympathiques ces persos, particulièrement celui toujours à la recherche du matériel parfait. Quant au chat, je l'adore.
Graphiquement c'est très bon. La ligne est nette, précise et agréable. Les attitudes et les expressions parfaitement rendues malgré une certaine économie de trait. Les couleurs, basiques, sont un peu trop prononcées à mon goût et je préfère le dessin de François Duprat quand il est en noir et blanc. Voir la première édition de Mon cousin dans la mort.
Il aura fallu que je m'accroche. Mais finalement, sans atteindre des sommets lyriques, comiques ou émotionnels, j'ai quand même passé un bon moment et je n'ai pas perdu mon temps.