C’est suite à la première vague de critiques positives que j’ai entendu parler du manga Onani Master Kurosawa. Comme probablement d’autres personnes qui partagent ma nature prude, ma curiosité a été aussitôt inhibée par le sentiment qu’inspire la lecture du synopsis : le mépris.
Je ne crois pas cet à-priori dénué de fondations. L’industrie du manga tourne aujourd’hui en jouant de plusieurs ficelles, parmi lesquelles figure en bonne position l’érotisme. L’emploi abusif de poitrines voluptueuses et de clichés de petites culottes divise les amateurs, et donne lieu au raccourci dictant qu’un manga « ecchi » (au contenu parfois indécent, lubrique ou pervers) est un manga de mauvaise qualité.
Ce n’est pas une vérité absolue, même si je fais parti des gens à pratiquer ledit raccourci. Ajouter de l’érotisme à une œuvre permet de titiller les hormones et masque donc les éventuelles faiblesses du titre. Pour ces raisons, j’ai immédiatement pensé à Onani Master Kurosawa comme à une tentative bas-de-gamme d’en appeler aux pantalons de ces messieurs et de s’arroger une base de popularité facile. J’ai jugé l’exercice méprisable et l’ai oublié pendant de nombreux mois.
Toutefois, que l’auteur ait réellement usé de ce stratagème basique pour donner de la lisibilité à son œuvre ne veut pas dire qu’elle n’a aucune consistance. Contrairement à ce que je pensais.
La pluie d'éloges que reçoit ce manga, vu son thème, ne lui fait pas bonne publicité auprès de tous. Et pourtant, après avoir encaissé le départ répugnant, il y a quelque chose de réel et de concret dans cette histoire.
C'était marquant et surprenant. Suffisamment pour que je prenne ma plume et veuille mettre par écrit le fait que je ressente un soupçon de déception à l’idée que les gens partagent mes idées préconçues et se refusent à tenter l’aventure, car Onani Master Kurosawa est une œuvre de fiction dans laquelle j’ai senti la volonté d’inspirer une catharsis. Au terme du voyage, loin du mépris, c’est un unique sentiment que ce titre cherche à vous insuffler.
Et ce sentiment, c’est l’espoir.