Et après les siècles, on rendit au héros l'hommage qui lui était dû.
Final Fantasy Tactics : The War of the Lions est le puîné de Tactics Ogre, développé par la même équipe après leur passage chez Square. Il s’agit d’un Tactical-Rpg ayant contribué à définir les bases d’un genre qui aujourd’hui se fait vieillot, et ne fait plus parler de lui que par le biais de Nippon Ichi Software et autres spin-off variés.
S’y mesurer de nos jours est un fastidieux retour aux sources, à une époque où la caméra était un fléau, la courbe de difficulté sous amphétamines, et le développement scénaristique grandiose. A l’époque, on savait écrire les histoires. Les faire belles, pleines, graves et vibrantes. Sans raccourcis aux allures de fosses d’aisance, sans faire insulte aux facultés (intelligence, lecture, patience…) du joueur.
War of the Lions reprend un thème classique du Tactical « Bonne-Maman » : la guerre de succession. Les plus vénérables parmi vous se souviendront de Tactics Ogre, bien entendu, mais peut-être également de perles comme Vandal Hearts, ou du plus célèbre Fire Emblem, jeux qui exploitent ce thème propre aux complots et à la trahison, aux escarmouches sanglantes et aux déceptions cruelles.
Les ajouts de ce remake Psp ne font pas plaisir au puriste. Cinématiques modifiées, voix ajoutées et perfectibles (le héros, Ramza, n’est pas spécialement gâté), fluidité pas toujours parfaite, on reste dans l’ordre du détail, mais cela peut s’avérer déplaisant.
Dans cet épisode, Ramza Beoulve, va chercher sa voie dans un monde qui s’écroule. Le peuple se rebelle contre la noblesse, les ducs du Nord et du Sud sont en compétition pour la domination d’Ivalice, et silencieusement… l’église déplace ses pions sur cet échiquier géant, ourdissant dans l’ombre. Les conversations, aux tons délibérément imagées et médiévales, sont savoureuses. Les répliques des personnages ne manquent pas de recherche et de style, elles procurent une bonne qualité d’immersion dans l’aventure.
Le jeu est pourvu d’un système de jobs aujourd’hui classique. On y gagne points d’expérience et points de job simultanément, les premiers faisant monter le niveau du personnage, les seconds lui permettant d’acheter des compétences qu’il pourra équiper par la suite, même s’il passe de Chevalier à Voleur, par exemple. L’arborescence est telle qu’il faut avoir atteint un certain pallier de JP (Job Points) dans certains Jobs pour en débloquer d’autres, permettant tout de même une excellente souplesse et variété. Le système est riche en possibilités de combinaisons.
Je mentionnais un peu plus tôt la difficulté oscillatoire du jeu, avec ses affrontements soudainement durs à mourir entre deux promenades de plaisance. Je parle bien entendu pour un groupe qui ne fait pas des combats libres à tout va (ce qui fait d’ailleurs augmenter le niveau des ennemis de ce type de bataille, et devient problématique également). L’affaire serait anecdotique si on ne croisait pas au cours du jeu des « châteaux », à prendre, où l’on enchaîne plusieurs escarmouches avec la possibilité de sauvegarder entre… et qu’au quatrième combat on tombe sur un boss contre lequel il aurait fallu pouvoir repenser sa stratégie… ce qui n’est pas possible, et devient critique si on a eu la mauvaise idée d’écraser le même emplacement de sauvegarde à chaque étape du château.
Bélial, l’un des Lucavis (démons) du jeu est un exemple de ce type de souci, qui peut réellement nuire au plaisir de jeu (personne n’a envie de se manger deux fois la vingtaine d’heures de Tactical-Rpg qui précède l’affrontement).
Néanmoins, les défauts de la bête, tout bien considérés, sont négligeables en comparaison du plaisir qu’il y a à suivre l’aventure de Ramza.
Anecdote : On retrouve Luso (FFTA2), Balthier (FFXII) et Cloud (FFVII) en caméos. Les deux premiers rejoignent la partie après de petites cinématiques très stylées, alors que Cloud tombe comme un cheveu sur la soupe… Très dérangé, il part en courant à la recherche de Sephiroth au beau milieu des présentations, et souffre de migraines schizophréniques qui le font s’effondrer face à une poignée de brigands lambda. Honnêtement, il est bien possible que l’équipe ait voulu se moquer du bizarre héros de Final Fantasy 7, qui des années avant Advent Children, se déguisait en femme, sortait avec un malabar au Gold Saucer et grimpait sur le dos des dauphins.
Trivia : 45 heures de jeu, pour une partie en faisant toutes les quêtes annexes, mais sans booster tous les jobs au maximum. Chevalier Noir débloqué (pour ceux que ça intéresserait).
Au moins 25 Game Over ou coupures sauvages pour recommencer un combat mal engagé.