Jeune homme ambitieux, voyage périlleux

Il m'est toujours difficile d'argumenter sur One Piece car à chaque lecture, je perd totalement mon esprit d'analyse pour entrer dans le défouloir incroyable que nous propose Eiichiro Oda.

Qu'on se le dise clairement, en terme de divertissement, le manga One Piece est probablement le sommet du genre. Beaucoup redoutent la lecture d'un tel mastodonte de par sa durée, ses neuf cent chapitres et le fait que ça ne soit toujours pas fini, mais très sincèrement, si vous aimez les gros nichons, foncez !

Heu pardon... si vous aimez les personnages charismatiques, les combats super épiques, et les personnages haut en couleurs (et les gros nichons), vous ne pourrez que vous éclater en lisant One Piece.

En ce qui me concerne, One Piece a été mon premier manga. A une époque où j'étais encore très orienté simples BD ou un peu comics à la Spiderman ou X-Men, j'étais tombé par hasard sur One Piece sur Direct Star (avant de devenir D17 puis C17). C'était l'arc Marine Ford et je n'y connaissais rien. Je voyais simplement un gamin élastique tentant de sauver désespérement son frère. Je pouvais voir le reste de l'équipage dans le générique, mais je ne les connaissais pas. C'est qui cette rousse, c'est quoi ce squelette ? Bref, j'ai rencontré Luffy à ce moment, et j'ai continué de regarder quand Direct Star passait l'arc sur son passé.

J'ai vite considéré One Piece, l'animé comme la meilleure série que j'avais jamais vu. Bien avant de découvrir Breaking Bad ou The Wire et à une époque où les rediffusions des Simpson avaient fini par me lasser, One Piece était devenu mon centre d’intérêt numéro un à partir de 19h. J'ai découvert l'histoire un peu dans tout les sens, dû à l'irrégularité de la diffusion, on pouvait soudainement passer de l'arc CP9 pour redémarrer du début l'animé, puis enchaîner direct à l'arc Skypiéa.

Du coup, dans un élan de motivation (et de naïveté), j'ai commencé à collectionner les One Piece. Je me souviens encore de ma lecture du premier tome, cette difficulté à lire une BD dans le sens inverse, du choc de lire quelque chose en noir et blanc, et d'à quel point, Luffy était encore un jeune homme plein d'ambition qui rencontrait à peine Zoro. Vu la longueur du manga, j'ai fini par m'arrêter au tome 20, et j'ai lu quelques arcs par-ci par-là en fonction de la disponibilité des volumes dans ma médiathèque.

Mais c'est finalement en octobre 2017, que je me lance sans trop réfléchir dans la lecture totale du manga. Aller du début à la fin, pour pouvoir en faire une critique entière. Et ça me rend triste d'avoir fini le manga. Enfin, finir est un grand mot, car je vais quand même lire un chapitre par semaine en fonction de leur parution, mais je ne pourrai plus me consacrer deux heures de suite à la lecture.

Car lire One Piece fût un véritable moment de détente dans mon année de terminale. Me plonger dans cet univers immense où tout est encore à découvrir me faisait oublier mes soucis et j'étais à bord du Vogue Merry, puis du Thousand Sunny avec l'équipage le plus cool du monde pour découvrir des îles en tout genre.

Je me suis très rarement ennuyé en lisant One Piece. Sûrement car c'est l'une des bandes dessinées les plus drôles que j'ai pu lire. Eiichiro Oda est un mec drôle, qui a toujours un tas d'idées pour nous faire rire.

Cet humour lui est possible de par son imagination débordante et ses multiples inspirations culturelles qui viennent étoffer l'univers. Car si One Piece n'était qu'un simple manga sur la piraterie avec une bande de mecs costauds, on aurait vite fait de tourner en rond. Oda a crée un concept qu'il use à la perfection encore vingt ans après le début du manga, à savoir les fruits du démon. Au fur et à mesure du manga, on rencontre plein de personnages avec des fruits du démon variés avec des pouvoirs divers allant des plus puissants (le fruit du Magma ou celui des ténèbres), aux plus extravagants (le fruit du travestit ou de la résurrection). Je n'ai pas compté le nombre de personnages avec des pouvoirs issus de ces fruits, mais il y en a une multitude, toujours différents, toujours très bien exploités et du coup, on est toujours surpris.

L'univers aussi est extrêmement diversifié. Bon, on échappe pas aux îles basiques du genre les îles de sable (Alabasta), les îles glaciales (Drum). Mais arrivé un certains stade, Oda a littéralement pété un câble et nous a offert des îles complètement surréalistes mais dont le fonctionnement et la politique sont expliqués, cohérents et super intéressants (Water Seven ou encore l'Archipel des Saboady qui est un nid de trafic d'esclave et de racistes).

Du coup, même les choses les plus folles et les plus invraisemblables, Oda arrive à les rendre cohérentes au sein de son univers (le fait qu'un squelette puisse vivre ou qu'on puisse se déplacer sur des bulles). Et du coup, ça rend le truc divertissant et très agréable à lire.

J'admets certains défauts à One Piece, on ne peut pas dire que son scénario est si peaufiné que ça (y a pas un deuxième niveau de lecture), il y a quelques incohérences, mais à vrai dire, j'en suis à un stade où je suis tellement à fond que ça ne me choque même pas.

Mais One Piece, c'est aussi des personnages particulièrement attachants. Vu la longueur du manga, on peut bien se permettre de nombreux flash-back, des développement de personnages, ce qui fait que chaque membre de l'équipage est identifiable, attachant à sa façon et a ses propres particularités. Chaque membre a un aspect tragique, une histoire triste, mais chacun est également drôle (oui, même Robin ou Brook qui ont vécu l'enfer). Après, c'est sûr qu'il y en a des plus drôles que d'autres, les meilleurs resteront Usopp l'éternel menteur, Brook le squelette fou, et Sanji le pervers. Autre qualité sur les personnages, Oda ne tombe pas dans le clichés des pirates avec une grosse barbe et des caches œils. Il peut y en avoir, mais c'est souvent des personnages tertiaires. Des personnages comme Zoro ou encore Chopper n'ont pas forcément le style vestimentaire d'un pirate, mais ils en ont l'esprit, et aussi la conviction, ils n'ont qu'un seul mot à la bouche : liberté.

Mais à tous ces personnages attachants, il y a aussi une multitude de méchants tous aussi marquants les uns que les autres. Ils viennent de partout, on a les Grands Corsaires (ou Shishibukai), les marines un peu trop extrémistes (il y en a des bons aussi, ce qui permet de ne pas rendre l’œuvre manichéenne), et bien évidemment, une tonne de pirates qui n'ont pour objectif que saccager ce qu'ils croisent où dominer tout. Il y a des méchants que l'ont déteste comme Akainu et Barbe-Noir, des méchants charismatiques qui nous épatent (Crocodile, Doflamingo), des méchants à la personnalité complexe (Hody Jones), et des méchants rigolos mais pas moins dangereux (Big Mom, Baggy).

Le manga recèle également tout un tas de mystères et de secrets qui tiennent le lecteur en haleine. On se pose tout un tas de question et Oda sait conserver l’intérêt du lecteur. Que signifie la volonté du D ? Qu'est donc le One Piece et existe-t-il réellement ? Que s'est-il passé durant le siècle oublié ? Je veux savoir tout ça !

Et puis bon sang, One Piece, c'est plein de moments intenses et épiques. Je pense qu'à un certains stade, le manga a atteint une maturité qu'on retrouve que trop rarement. Et je pense que ce déclic, on l'a atteint avec l'arc Marine Ford. Alors pour ceux qui ont pas lu le manga, faites gaffe, parce que là, ça spoile, mais voilà. Quel manga, se permettrait de tuer un des personnages préférés des fans d'une manière aussi cruelle et tragique que celle d'Ace. C'est pas juste une mort triste dont on se remet facilement, c'est une mort qui remet totalement en question les capacités de Luffy qui se fait littéralement défoncer tout le long de cet arc. On l'a vu se démener dans tout les sens, il s'est fait séparer de ses compagnons, il a mené une mutinerie dans une prison, s'est battu de toutes ses forces pour sauver son frère, pour au final, le voir mourir sous ses yeux. Moi j'appelle ça, du putain de bon traitement de personnage ! Parce que le Luffy qu'on a toujours vu victorieux, le voilà totalement détruit, humilié, et on se rend compte d'à quel point, il n'est pas le plus fort (et c'est toujours le cas, prenons l'exemple de l'arc Whole Cake Island, on sait parfaitement qu'il ne peut pas battre Big Mom, ce n'est pas son objectif à ce moment).

Enfin bref, voilà une preuve que malgré certaines facilités, One Piece c'est aussi un manga mature qui surprend. Alors voilà, lisez One Piece, car de ma vie, j'ai rarement lu quelque chose d'aussi épique, d'aussi drôle, de divertissant et d'agréable, je me suis rarement autant attaché à des personnages, et j'ai hâte de voir comment le périple de Monkey D Luffy va s'achever.