La fin du premier tome avait brutalement sorti les personnages et le lecteur du charmant tableau de l'enfance. Le second volet en est la conséquence directe : nous voilà transporté dans des problématiques plus adultes concernant l'évolution des relations de ces amis d'autrefois. Tous ressentent encore l'attachement qui les liait vingt ans auparavant et sont prêts à se lancer dans une grande aventure pour soutenir celle dont les trois garçons ont toujours été un peu amoureux.
Peut-être un tout petit peu moins fort émotionnellement, ce second album conserve malgré tout les qualités esthétiques du premier, bien qu'Olivier Pont semblait s'amuser plus avec les expressions des enfants qu'avec celles des adultes. Mais la tension est tout de même bien présente et l'album brille par son scénario : les éléments fantastiques amenés au début de l'histoire sont superbement résolus, l'histoire est bouclée d'une main de maître sans que rien ne soit oublié. Tout trouve sa place à merveille jusqu'à la fin, où la parole est donnée au dernier des quatre à ne pas encore l'avoir eue, montrant le lien unissant les personnages au travers leurs différentes vies, et pour cette histoire, jusque dans leur rôle de narrateur. Le plongeon reprend la dernière des scènes paisibles du premier album, bouclant la boucle et illustrant cet éternel recommencement de la vie, si riche, si fort et chaque fois si différent.
"Où le regard ne porte pas" est à mon goût l'un des chefs-d'oeuvre absolus de la bande dessinée.