Paris, secteur soviétique - Jour J, tome 2 par Ulthar

« Paris, secteur soviétique », 2nde tome de la série d’uchronies Jour J, nous propose de revisiter une nouvelle fois l’histoire de la guerre froide, en prenant cette fois comme postulat de départ un des évènements les plus importants de la 2nde guerre mondiale, le débarquement de Normandie. Ce-dernier a ici été un échec cuisant du fait de la météo désastreuse, retardant l’offensive anglo-américaine et laissant l’opportunité aux Russes de passer le Rhin et de libérer le nord de la France, jusqu’à Paris ; la ville des Lumières est devenue, a l’instar du Berlin réel, la zone de contact entre les deux blocs, séparés par la Seine.

Le pitch de départ est donc tout à fait ambitieux, et rien que la magnifique couverture et le titre m’ont donné des frissons. On s’imagine découvrir à travers cet album une fresque historique des évènements et de leurs conséquences, les tractations politiques, les tensions internationales. Mais plutôt que de suivre ces-derniers au travers des dirigeants politiques et autres « grands » de ce monde, on suit le parcours de Jacques Saint-Elme, un espion à priori assez banal, dont l’ Histoire ne semble pas faire grand cas. On se retrouve donc plongé dans ce Paris est/ouest, en suivant le personnage dans ses aventures rive droite ou gauche. Ce parti pris presque intimiste permet de constater l’état de cette France coupée en deux, ses rues encore en ruine, ses affiches de propagande « à la gloire du camarade Staline et de Maurice Thorez » (une des références à des personnalités réelles, au destin modifiés par l’Histoire, ici l’ex-leader du PCF)…

L’histoire flirte ainsi entre jeu d’espionnage et enquête policière, à l’ambiance très film noir, renforcé par le travail du dessinateur sur les aplats et les hachures, créant des contrastes très bien maitrisés lors des scènes nocturnes, et un style réaliste assez prenant.

Les évènements historiques antérieurs sont quand à eux présentés par le biais de flash-back de Saint-Elme. Et c’est peut être un des reproches qu’on pourrait faire à cet album, c’est que ces évènements racontés par l’espion paraissent parfois un peu factices, comme si le dialogue avait était écrit uniquement dans le but de les faire apparaitre…Cependant, ce défaut est mineur et l’uchronie qui nous est racontée est tout a fait crédible et documentée.

Un bon album donc, à conseiller aux amateurs de guerre froide, d’uchronies et d’espionnage