Je suis tombé totalement par hasard sur Les cinq cents millions de la Bégum et me suis mis à le lire entre des ouvrages plus conséquents, imposés par mes devoirs lycéens. Loin d'être un coup de cœur absolu, j'ai trouvé cette lecture très divertissante et rafraîchissante.
D'une part l’organisation du livre en petits chapitres d'une dizaine de pages, qui je crois vient du fait qu'il était d'abord publié dans les journaux de l'époque, est vraiment agréable pour ceux qui lisent de façon disparate et peu motivé, 10-20 pages par soir ça passe très bien...
Ensuite, l'histoire en elle-même est assez intéressante, avec ce côté SF du XIXeme traditionnel des livres de Jules Verne à laquelle s'ajoute une dimension plus historique d'ambiance revancharde post-1870, avec le cliché de la barbarie germaine qui s'illustre par un esprit guerrier et industriel, fabriquant des canons à l’excès, opposé aux bienfaits civilisateurs de la France. Dans le livre cela s'incarne de façon assez originale par l'affrontement de deux cités indépendantes, dirigée par deux savants aux idéologies opposées. Le livre aide donc à mieux cerner la société et la mentalité française de l'époque, qui prédit les désastres du début XXème (l'énorme canon du savant allemand n'est pas sans rappeler la grosse Bertha de la Grande Guerre)
Le style de Jules Verne est quand à lui très agréable, sachant évoquer avec simplicité à la fois les inventions mécaniques farfelues et le travail très pénible des ouvriers du docteur Schultz, les deux réunis dans cette usine géante qu'est la "Cité de l'Acier",à l'ambiance sombre et polluée.
Bref une oeuvre divertissante à lire si vous avez envie d'une lecture sans prise de tête et néanmoins fort intéressante, loin d'être enfantine comme on l'entend souvent concernant Jules Verne.