Les cinq cents millions de la Bégum est un roman qualifié "d'anticipation" mais aussi,et surtout (d’après Wikipedia ) d'espionnage,paru en 1879 et écrit par Jules Verne.Verne c'est un peu l'écrivain qui a jeté,avec Herbert G. Wells,les bases de la science-fiction et,par chance,ce gaillard ci est Français ! Ses écrits sont regroupés au sein des Voyages extraordinaires,une série dense où exotisme coloniale rime avec steampunk.
Dans les cinq cents millions de la Bégum,Jules Verne nous dépeint la fortune du docteur français François Sarrasin qui reçoit un beau jour,alors qu'il devait animer une conférence sur l’hygiène à Londres,un colossale héritage ; celui d'une lointaine cousine (ou tante) qui s’avère etre la femme d'un sultan.Rien que ça ! Mais vu que la vie est d'une tristesse absolue , le docteur français , qui entrevoyait déjà le projet de créer une citée utopique , se voit forcé de diviser sa part en deux avec un scientifique allemand : Herr Schultze. Ce dernier étant quant à lui expert en canon,et surtout Germain, il créera une citée concurrente à la fameuse France-Ville,et ce à quelques lieux à peine de cette dernière,dans les cascades mounts de l'Oregon : Stahlstadt,la citée de l'acier.Alarmé,le professeur Sarrasin enverra surveiller les agissements du fourbe Herr Schultze par un alsacien , Marcel Bruckmann , ami de la famille.
Saviez vous que Jules Verne est un véritable bourreau des cœurs littéraire ? Tout a fait.Il peut en même temps nous faire haïr le seul fait de "lire" avec ses Vingt milles lieues sous les mers et ses descriptions systématiques de mollusques , mais aussi nous faire jubiler intérieurement grâce à son étonnante capacité à dévoiler une facette cachée de son style d'écriture.En effet,avec ce roman ci,dans mon esprit Jules Verne le naturaliste,ou Jules Verne le "balloniste" de Robur le conquérant s'est métamorphosé en Jules Verne le romancier équilibré.Et que dire d'autre de ce roman hormis qu'il respire l'équilibre même ?
La diffusion de la narration est organique , les descriptions ne sont pas interminables comme un jour sans pain et l'intrigue-bien que très TRÈS commune-se diffuse entre ces deux cents quarante pages avec efficacité.Je vois même ici,dans ce combat du bien et du mal au sein d'un monde en évolution technologique constante,à la fois le digne héritage de la tradition littéraire occidentale , quasiment médiévale par moments , et l’avènement du feuilleton pulp , où le méchant est machiavélique mais surtout étranger.
Ayant été écrit en 1879 , ce récit est la parfaite illustration de la frustration Française à l'égard de l'empire Allemand.Le héros Marcel est,en plus d’être un parangon de vertus, Alsacien et son ennemi n'est rien d'autre q'une saleté d'Allemand,cruel car tout les Allemands le sont.C'est bien connus !
Sans rire,aucune réelle explication n'est donné aux agissements démesuré de Schultze.Il est pro-génocide et épurement raciale car il est...Allemand.Et qu'il possède des ressources démesurés.Voila tout.Là où,bien évidemment,le Français est humaniste et noble dans ses intentions de bâtir une ville parfaite , sobrement et dignement nommé "France-Ville".
Mais là où Verne est audacieux , c'est par son parti pris à l'encontre du travail des enfants , de l'industrie et du conflit thermonucléaire.Alors oui,je sais que ce roman date de bien avant la simple idée de fusion nucléaire en vue de d'anéantir une civilisation , mais lisez réellement ce livre avec un recul digne de ce troisième millénaire dans lequel vous vous débattez chaque jours : est-ce que Jules Verne n'a t-il pas tout simplement anticipé,en plus des armes bactériologiques de la première guerre mondiale,la bombe atomique elle même ? Je trouve grotesque l’appellation de "génie" ou de"visionnaire",mais force est d'admettre...
Au delà du racisme-ce racisme déphasé à présent-ce livre possède donc une tendresse.La tendresse que seules les œuvres simples savent conférer aux lecteurs.Une tendresse,certes inégale dans l'oeuvre globale de Jules Verne,mais tout de même présente çà et là.Et même si je m’étais intérieurement promis de ne plus lire de bouquin du bon vieux Samarien avant bien longtemps , peut-être vais je devoir réviser mon jugement.