Un roman de Jules Verne sympathique quoiqu'assez inégal. Un début très entraînant et plein de promesses (normal puisqu'il est question d'un énorme héritage), une suite à l'avenant mais une dernière partie qui s'enlise un peu et tombe dans le convenu, voire le cliché, ce qui n'est pourtant pas dans les habitudes de l'auteur.
Ecrit en 1879, soit quelques années seulement après la sévère dérouillée que l'Allemagne a infligée à la France sur le champ de bataille, "Les cinq cent millions de la Bégum" met en place un antagonisme sans fard entre "race saxonne" et "race latine" et fait d'un savant allemand l'archétype du Mal, sûr de lui, pétri de l'eugénisme balbutiant, et proférant des théories... qui se retrouveront dans la bouche d'Hitler plus de trente ans plus tard !
Et la victorieuse Allemagne en prend pour son grade sous la plume imaginative de Jules Verne qui ne mâche pas ses mots pour stigmatiser son peuple et son état d'esprit, et railler ses classes dirigeante et scientifique.
Un roman d'aventures certes mais qui aborde aussi les thèmes forts de la philanthropie sociale et du socialisme utopique à travers l'érection d'une ville nouvelle, Franceville, reflet du phalanstère de Charles Fourier. D'ailleurs, c'est exactement à cette époque que sont construits les familistères de Guise et de Godin, et on peut faire pleinement confiance à Jules Verne pour s'y être intéressé de près.