Vous connaissez Leïla Slimani pour « Chanson douce »; Alors qu’elle revient sur le devant de la scène avec son essais « Sexe et mensonges : La vie sexuelle au Maroc » est sort en même « Parole d’honneur » l’adaptation en BD chez Les Arènes de ce même essais avec Laetitia Coryn au dessin et Sandra Desmazières à la couleur.
En préambule à ce docu fiction un court texte de Leila Slimani recontextualise les faits : En 2014 parait chez Gallimard son premier roman « Dans le jardin de l’ogre ». C’est au cours d’une tournée au Maroc qu’elle rencontre Nour, une jeune femme qui s’ouvrit à elle sur sa vie intime. Cette expérience de parole libératrice, Leila Slimani a voulu la porter au-delà de sa propre existence. Alors avec la dessinatrice Laetitia Coryn elles sont parties à la rencontre de ces histoires en allant donner la parole aux femmes. Si l’essai foisonne de chiffres, de statistiques, ici la place belle est faite aux témoignages.
En faisant œuvre de fiction, en se mettant en scène et en donnant des visages à ces femmes grâce au dessin délicat de Laetitia Coryn et à la superbe mise en couleur de Sandra Desmazières , « parole d’honneur » permet une appréhension plus rapide des propos. La souffrance à un visage, ou plutôt des visages. Le découpage de la BD en trois chapitres met le tout en perspective. Le premier est concentré autour de sa rencontre avec Nour. Mais au-delà de sa propre histoire Nour livre aussi celle de ses amies et celle d’Asma Lamrabet théologienne qui mène depuis plusieurs années une réflexion sur la problématique des femmes dans l’islam. Un second chapitre se condense en 5 planches autour de faits arrivés au Maroc lors de l’été 2015 dont les réactions autour de Much Love le film d’Amin Ayouch qui déclencha les passions, en passant par le lynchage à Fes d’un homosexuel en pleine rue. Dans le troisième chapitre on suit l’écrivain qui rencontre le réalisateur mis en cause, puis des prostituées ou encore une lesbienne. Avortement, sexualité, tabou en tous genres sont mis en exergue. Loin de jeter un regard jugeant, le tout est empreint d’une bienveillance rehaussée par le trait de Laetitia Coryn. Pas de voyeurisme mais juste des portraits sans tabous d’une parole libérée. Avec une mention spéciale pour la mise en couleur de Sandra Desmazières qui a su rendre toute la beauté du Maroc.