Il y a trois ans (déjà !), on avait accueilli avec plaisir le retour de la série Donjon Crépuscule, qui voyait de nouvelles menaces fondre sur une Terra Amata reformée après son explosion, mais surtout la prise de pouvoir d’une nouvelle héroïne, Zakûtu, la fille d’Herbert, qui débordait de charme et d’énergie, et promettait de relancer cette branche du Donjon (une relance nécessaire si l’on voulait que l’apparition de la nouvelle série Donjon Antipode+ fasse le moindre sens). Hélas, Pourfendeurs de Démons s’avérait une déception, entre un dessin de Obion, un nouveau venu dans l’univers du Donjon, qui ne fonctionnait pas toujours, et un scénario faiblard (ce qui constitue, il nous faut désormais le reconnaître, un défaut beaucoup trop habituel de la série depuis son retour…).

Passation nous rassure, parce que Sfar, Trondheim et Obion ont bien utilisé le temps qui s’est écoulé depuis Pourfendeurs de Démons pour remédier à ces faiblesses : rien à reprocher cette fois du point de vue dessin, Obion faisant très efficacement le job, tout en restant finalement très proche des canons établis par la série ; mieux encore, l’histoire tient cette fois la route, même si on sent bien qu’on est au début du parcours d’une saga qui pourrait être longue. Car Zakûtu et son amant, le toujours pitoyable Marvin le Rouge, sont revenus à Vaucanson pour donner un coup de main à Herbert, menacé aussi bien par ses ennemis « terrestres » (le duché de Clérembard) que surnaturels (ces zombies qui pullulent dans les sous-sols). Et Zakûtu, en plus de ses talents naturels de guerrière quasi invincible, va devoir acquérir un talent politique nouveau pour elle, afin de répondre à al requête de papa. Et le mieux (ou le pire), c’est qu’elle va y prendre plaisir, au grand dam de Marvin !

Ce qui frappe avec ce Passation, c’est qu’on a le sentiment d’être revenus complètement à l’esprit des premiers tomes du Donjon, avec ce mélange improbable – et très innovant, à l’époque – de personnages absurdes, de violence décomplexée, d’intrigues nébuleuses et d’humour pince-sans-rire, voire complètement décalé. Impossible donc, pour peu qu’on souscrive à cette recette, de ne pas prendre du plaisir à la lecture de ces 48 pages dynamiques. Pourtant, et c’est là sans doute la conséquence d’une certaine lassitude par rapport à tout ça, puisqu’on approche la soixantaine de tomes (!), comment ne pas avoir l’impression d’un certain ressassement ?

Pour finir sur une note plus positive, soulignons le sérieux de la construction de leur univers par Sfar et Trondheim, puisque cet album relie Crépuscule et Antipodes+ en introduisant le personnage de « l’Atlas ».

[Critique écrite en 2024]

https://www.benzinemag.net/2024/11/28/donjon-crepuscule-tome-113-passation-zakutu-strikes-again/

EricDebarnot
7
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le 30 nov. 2024

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Eric BBYoda

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