Second volume de Pathetik, et si James garde les commandes, c'est Boris Mirroir qui prend les crayons. L'univers reste sensiblement le même mais
l'autofiction s'efface plus encore sous la poésie, aérienne,
de l'histoire principale. Bonus conséquents avec la place laissée à d'autres récits et toujours ces pages ludiques qui font le charme du titre, si la lecture est encore une fois trop rapide, laissant un goût intense de reviens-y, le plaisir est bien là, de l'imaginaire titillé de nos propres processus de rêverie, avec un soupçon d'absurde et de douce désillusion venus saupoudrer le propos, créer la distanciation onirique au réel.
L'Homme qui Flottait développe le souffle désabusé de l'anonymat et de l'absence au monde autour d'un personnage envolé que personne ne remarque. Fait le triste constat de
l'indifférence moderne à l'extraordinaire.
Le jeu de montage dans l'ouvrage nous laisse sur une première fin, plus ou moins optimiste dessous l'individualisme soumis des hommes, avant de nous réveiller lors d'un épilogue sans phylactère à la morbidité douce. Encore une fois, James nous raconte ses tendresses désabusées avec une forme de poésie fascinante, expressive : une espèce de cri d'alarme muet, une douceur prise de plein fouet.
Le dessin de Boris Mirroir joue de la même tendresse en noir et blanc, de rondeurs et de retenues pour ne pas laisser de place à la dure réalité, mortifère, de l'indifférence. L'artiste a
la poésie intrinsèque au trait,
ses visages ne s'illuminent jamais que pour mieux contraster avec l'impuissance de distinguer le chemin.
Richesse des interludes, efficacité directe des courtes histoires annexes (Monstresse, du génie d'évidence pur!) et méticulosité virtuose du récit principal, ce second volume de Pathetik renforce l'attachement au titre et l'on se prend à rêver que James saura développer encore longtemps ses
pérégrinations scénaristiques en autofiction diluée,
tout en continuant d'inviter la crème du monochrome hexagonal de la tendresse juvénile pour illustrer ses interrogations philosophiques tout en poésie légère tant le plaisir est grand. Tant c'est du baume aux poétiques de l'imagination.