Lu après pratiquement tous les autres, c'est donc amusant de voir Paul aussi jeune. Néanmoins, ce tome, comme les autres, rapporte tantôt avec humour, tantôt avec gravité, toute sorte de pans sociétaires québecois. Culture, politique, économie, projets collectifs, vie de famille, scoutisme, vie urbaine, Rabagliati couvre large à travers les aventures de Paul.
Alors qu'il intègre les scouts, gratte sa première guitare, se fait une première copine, le Québec est en ébullition. Nous sommes en pleine crise d'Octobre, alors qu'un mouvement nationaliste, le FLQ, occupe la tribune politique. Le gros de la BD est cependant axé sur le scoutisme, alors que Paul intègre la sizaine des "bruns". C'est pour lui l'occasion de vivre beaucoup de péripéties, de se faire de nouveaux amis et de s'adonner à plusieurs nouvelles activités. C'est aussi vers cet âge que Paul se découvre une passion pour le dessin et par extension, la BD, qui deviendra son métier.
Et puis, il y a CE drame qui frappe.
Une fois encore, Rabagliati nous offre un morceau de Québec vintage ( pour la jeune que je suis) mais qui sera très certainement parlante pour la génération X. Dans le récit de Paul, je retrouve mes cours d'histoire et les anecdotes de mes parents. Je prends aussi conscience de manière plus aigu du chemin parcouru par la société à laquelle j'appartiens, de manière positive ou négative. Et au-delà de la nation, de l'Histoire et de la géographie, c'est aussi l'apport des gens, des vrais, dont leur quotidien nous est livré et qui trouve écho en nous: la petite classe moyenne, les familles, les étudiants idéalistes, les artistes , les jeunes et ainsi de suite.
J'admire que dans cette simplicité apparente se trouve une si grande richesse.