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Pénis de table
6.6
Pénis de table

BD (divers) de Cookie Kalkair (2018)

Partagé par cette BD.


J'ai trouvé le récit intéressant : une série d'interviews à but documentaire puisqu'il s'agit d'en apprendre un peu plus, sociologiquement, sur le rapport que les hommes ont avec le pénis. C'est également amusant, l'auteur n'hésite pas à avoir recours à l'humour pour mieux faire passer les choses, aussi pour amener quelques confrontations (légères) et ainsi faire passer l'idée de conflit. Par contre ce n'est pas très développé.


L'échantillon choisi n'est sans doute pas idéal, ne fut-ce que parce que l'auteur choisi une majorité de gens qui ont dû chercher leur sexualité, forcément, ils ne représentent pas le prototype lambda. Non pas que ce soit un problème, mais disons que ça dénote avec une des intentions principales qui est de rassurer les gens. Et cette intention est souvent remise en question tout au long de l'album, puisque les personnages n'ont de cesse de se juger, de se moquer l'un de l'autre.


En soi, ce n'est pas un souci, c'est clairement ce qui rend le récit plus drôle. Mais ça laisse aussi une impression de contradiction au lecteur. L'auteur essaie en effet de faire passer le message qu'il n'y a pas de mauvaise sexualité, mais avec de tels intervenants, avec de telles expériences et l'appui des petites moqueries, il est difficile de ne pas avoir l'impression que si on ne baise pas ou si on ne se branle pas, alors on passe à côté de quelque chose. Il y a un personnage qui s'en plaint, et le casanova de service va tenter de le rassurer, cette séquence n'est malheureusement pas convaincante.


Il y a aussi cette scène sur la taille des scènes qui est étrange. L'auteur clame qu'on joue carte sur table, tout le monde s'est mesuré la bite... mais personne ne divulguera le chiffre. Par contre, chacun amènera un aliment représentatif de son sexe. Déjà je doute que l'aliment choisit corresponde à la taille réelle, il n'est qu'une représentation. Ce qui veut dire qu'on reste dans l'imagerie. Et jamais vraiment dans le concret. Cette séquence donne vraiment l'impression que les personnages se mentent à eux-mêmes, qu'ils ne parviennent pas à regarder en face leur pénis.


Ces détails ne dérangent pas trop, car l'auteur n'a de cesse de rappeler qu'on est là pour découvrir les autres, qu'il n'y a pas de jugement, que personne n'est anormal. Même s'il ne parvient pas à le faire ressentir on sent que l'intention est là, sincèrement. Mais bon, en même temps c'est un peu naïf de se dire qu'il n'y aura pas de jugement. Le jugement est inné, impossible de le maîtriser, on est constamment dans le jugement, on juge ce qui nous entoure, ce que l'on goûte, ce que l'on voit, ce que l'on touche. Alors comment ne pas juger un mec avec une bite champignon, un mec qui a baisé avec plus de 1500 partenaires, un mec dont la quantité et la puissance d'éjaculation est faible... C'est bien d'avoir gardé ces moments, parce qu'un monde sans jugement, où tout est rose, n'est de toutes façons pas intéressant, mais disons que l'auteur a du mal à trouver un ton neutre (terme plus adéquat).


Disons que c'est de la vulgarisation : du coup on comprend que ça ne soit pas très recherché, que l'on cède à quelques raccourcis et que l'échantillon n'ait pas été constitué de façon plus pertinente. Mais bon, je le répète, le tout reste amusant. Puis des gens qui se réunissent pour parler de sexe ça reste prenant, surtout que chacun y va de sa petite anecdote, et ça c'est toujours bien, car je pense que le sexe est un aspect social très intéressant que l'on néglige trop par pudeur.


Les personnages sont trop peu développés et trop nombreux à la fois, du coup, j'ai eu un peu de mal à relier les différentes anecdotes d'un même personnage pour m'en faire un tableau plus précis. Comme il n'y a pas de mise en situation, que ce n'est que du dialogue et qu'en plus il n'y a pas de repères visuels au-delà des coiffures et couvre-chefs (l'auteur a décidé de changer de décor et de tenue à chaque chapitre), on s'y perd sérieusement.


Graphiquement, c'est correct. Le dessin est sympa, les personnages ont de bonnes bouilles et sont expressifs. Les décors sont un peu vides. Le découpage consiste en une série de champs-contrechamps, on ne situe par toujours les personnages les uns par rapport aux autres. La couleur passe. La typo informatique est correcte, ça va de pair avec la couleur avec ces dégradés bien numériques.


Bref, ça se lit.

Fatpooper
6
Écrit par

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le 4 août 2020

Critique lue 457 fois

9 j'aime

Fatpooper

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