Quand j'ai ouvert le volume, je ne connaissais de l'Iran que le nom.
Quand je l'ai refermé, je me suis rendu compte que j'étais un putain d'inculte (même si j'avais 14 ans).
La quantité d'infos qui me sont rentrées dans le crâne est impressionnante: on apprend quand même l'histoire moderne d'un pays (empire, monarchie, révolution, république islamique, guerre) en suivant l'histoire d'une enfant. On a la vision d'une adolescente puis d'une jeune adulte sur la régime en place, et c'est comme ça qu'on se rend compte que les intégristes musulmans sont loin d'être une majorité en Iran. La jeunesse fait ce qu'elle fait de mieux; elle se rebelle. Les punks sont de douces tapettes à côté: ici on traite de répression à coups de fouet et parfois d'exécution sommaire. C'est quand même d'un niveau supérieur.
Marjane Satrapi ponctue son récit de remarques et réflexions intelligentes qui prouvent que beaucoup d'Iraniens, et surtout d'Iraniennes, ne sont pas des moutons ou des frustrés qui n'assume pas leur désaccord.
-"Le régime avait compris qu'une femme qui sortait en se demandant "Est-ce que mon maquillage se voit? Est-ce que mon foulard est à sa place? Est-ce que mon pantalon est assez long?" ne se demandait pas "Où est ma liberté de penser? Où est ma liberté de parole? Ma vie est-elle vivable?" "
De quoi nous amener nous, occidentaux, à nous questionner sur tout régime, autoritaire ou pas.
Malgré ça, beaucoup de scènes sont vraiment marrantes surtout celles du premier tome, et en particulier la réplique demandant délicatement aux gardiens de la révolution d'arrêter de s'assurer que les croupes iraniennes honorent les martyrs en évitant les mouvements chaloupés.
Une autobiographie engagée à la fois philosophique et humoristique, personnelle et universelle. On devrait la faire lire aux conservateurs américains qui ont pour priorité politique de faire un gros cratère fumant dans le Moyen Orient.
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