War zone
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En 1785, le Roi Louis XVI confie au comte de Lapérouse le commandement d’une expédition scientifique regroupant des physiciens, des astronomes, des géographes, des botanistes ou encore des dessinateurs de terrain. Deux navires sont spécialement affrétés pour ce qui constitue alors la plus grande mission scientifique jamais programmée. À Versailles, en 1788, M. Barthélemy de Lesseps apporte au Roi des livres de bord et divers documents émanant de l’expédition. Il apprend alors, déconcerté, que les deux frégates, La Bossole et L’Astrolabe, ont rencontré des écueils durant leur périple et ne donnent plus aucun signe de vie depuis plusieurs mois. Il faudra en fait attendre 1829 et le récit du commandant Peter Dillon, que les mauvaises langues présentent comme « un aventurier grossier et violent », pour retrouver une trace hypothétique de l’expédition. M. Barthélemy de Lesseps, désormais vice-consul de France au Portugal, est convié au ministère de la Marine pour authentifier des objets ayant supposément appartenu aux deux navires. Il demande au commandant Dillon de lui livrer, en détail, son récit…
Bien que romancés, les faits sur lesquels s’appuie cette bande dessinée sont issus d’une documentation solide. Peter Dillon est effectivement passé à la postérité pour avoir découvert le lieu de l’échouage de l’expédition Lapérouse. En se lançant dans une mission de recherche financée par le gouvernement du Bengale, il espérait en tirer un profit futur. Et pour objectiver la présence des deux frégates françaises à Vanikoro (îles Salomon), Dillon et ses hommes, dont des indigènes, vont aller à la rencontre des populations autochtones, échanger des objets ayant été potentiellement prélevés sur les navires et s’évertuer à détecter des indices divers, tels que des traces de communautés, de crânes offerts aux Dieux ou des sépultures. La résolution de l’énigme Lapérouse se double alors d’un récit maritime bien huilé, fait de terres inhospitalières, d’intrigues diverses, de menaces hypothétiques et de découvertes exotiques. L’exploration de l’île est aussi l’occasion de cartographier les lieux et de dresser les limites géographiques de chaque communauté.
Les dessins de Peter Dillon : l’Énigme Lapérouse demeurent décevants. S’il ne fallait en donner qu’un exemple, on retiendrait peut-être la pleine page n°15, avec son ciel en aplat bleu et sa mer tout juste esquissée. Les arrière-fonds sont souvent sommaires, de même que les expressions faciales, et même la double page 36-37 ne parvient pas à la dimension iconique escomptée. C’est le récit d’aventures maritimes, sur fond de paranoïa, qui donne à l’album l’essentiel de son allant. Pour le reste, on retiendra l’amitié entre Peter Dillon et Martin Bushard, les tragédies par manque de discernement, le dénouement en non-dit et les lignes de friction apparaissant lorsque deux civilisations si différentes vont à la rencontre l’une de l’autre. C’est ce qui fait le sel de cette bande dessinée, et selon une double modalité : qu’est-il donc arrivé à l’expédition Lapérouse au contact de ces indigènes et que va-t-il advenir du Research placé sous le commandement de Peter Dillon, plus de quarante années plus tard, sur ces mêmes terres ?
Sur Le Mag du Ciné
Créée
le 11 avr. 2021
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