A la dérive est un titre intrigant. Le fait de l’associer au texte « Petit traité de philosophie » confirme le questionnement. Découvrir sur la couverture un ours polaire et un pingouin alimente encore davantage la curiosité et les interrogations. Seule la présence de Charles Berbérian, auteur référencé de bandes dessinées, offrait une forme connue. Néanmoins, je dois bien avouer que je ressentais une certaine envie de découvrir cet ouvrage dont les pages étaient déjà parues dans Philosophie magazine.
La structure est simple et découle de la place originale des planches. En effet, il il s’agit de pastille représentation une illustration associée à une citation philosophique. Chacune met en jeu un ours et un pingouin sur un reste de banquise. Les pages sont classées par thème. L’ouvrage peut se lire d’une traite ou au contraire de feuilleter ponctuellement.
Le cahier des charges est simple : associer une illustration à une citation célèbre. La réussite est inégale d’une page à l’autre. Certaines planches sont davantage des gags plus ou moins réussis sans lien évident avec la phrase associée. Par contre, d’autres sont à la fois fines et drôles. J’ai également apprécié de découvrir bon nombre de phrases de grands penseurs qui m’étaient inconnues. Le ton global est donc divertissant sans être hilarant.
Concernant le dessin, je ne suis pas très fan. Je le trouve très simple et regrette qu’il ne serve finalement uniquement de support au texte. Je pense qu’il aurait été intéressant de travailler davantage les personnages, leurs expressions et les décors pour offrir ainsi une plus-value au gag ou la réflexion et enrichir la lecture. Je trouve cela dommage mais il en est ainsi.
La construction du bouquin est répétitive. Une citation, un dessin, une citation, un dessin… Pour être réussite, ce type d’ouvrage doit offrir une qualité suffisamment importante et constante pour ne pas lasser. Le bilan est ici correct, sans plus. Je pense que le résultat aurait gagné à faire une intervenir de manière plus fréquente les protagonistes extérieurs au duo central. Cela aurait diversifié et enrichi la lecture. Le couple ours – manchot fonctionne bien mais finalement impose un cadre parfois rigide à l’ensemble.
Au final, A la dérive est une lecture pas désagréable. Elle n’atteint pas le panthéon du genre et s’avère être une qualité honnête bien qu’inégale. Je pense qu’elle a souffert du fait que j’ai lu l’ouvrage d’une traite. L’accumulation de planches a tendance à faire ressortir les petites faiblesses. Je conseille donc de le picorer petit à petit. Chaque courte rencontre sera sûrement l’occasion de sourire ou d’être surpris… Cela me semble un objectif fort louable…