Phantom Blood - JoJo's Bizarre Adventure, Partie 1 par Antevre

Bizarre. Le mot convient assez bien. JoJo's Bizarre Adventure repose sans aucun doute sur le décalage, sur le potentiel sans fin du fantastique pour être dérangeant. Phantom Blood est sans doute le plus classique, revendiquant de nombreuses références au fantastique anglais, mais cet arc possède déjà ce pouvoir d'accroche, cet excès qui font de JoJo un incontournable.

Jonathan Joestar vit une paisible vie d'héritier de noble de campagne avec son père, quand brutalement, son quotidien est dérangé par l'arrivée de Dio : fils de l'homme qui aurait sauvé son père après l'accident qui a coûté la vie de la mère de JoJo, Dio n'a qu'un projet en tête : supplanter le fils Joestar, prendre sa place dans la maisonnée, et finalement s'approprier la fortune des Joestar. Il ne recule devant rien pour torturer JoJo, mais devant l'intelligence et la pureté de son rival, il finit acculé, et rejette son humanité : un mystérieux masque de pierre le change en vampire. Il n'y a qu'une méthode efficace pour en venir à bout : une technique ancestrale de respiration, l'Onde, qui permet justement de propager une onde énergétique à laquelle les vampires sont vulnérables. JoJo découvre ce pouvoir grâce à Baron Zeppeli, qui fait le tour du monde pour retrouver le masque de pierre et les damnés issus de ce pouvoir...

C'est extrêmement difficile de faire comprendre l'intérêt de JoJo en le résumant, parce qu'il faut dissimuler de nombreuses révélations, de nombreux effets de lecture qui sont à découvrir par le lecteur. Si les affrontements de ce premier arc ne sont certainement pas les plus réussis de la série, et si la narration étonne parfois par sa naïveté (ce côté suranné est cependant certainement en partie voulu et rajoute un cachet certain), il y a une force dans JoJo qui frappe indubitablement. La rivalité entre JoJo et Dio est un véritable plaisir, du début à la fin. Dio est mesquin et cruel, et ne recule devant aucune vexation, qu'elle soit légère ou odieuse, afin de mettre le sensible Jonathan hors de lui. Les cases regorgent de moments mémorables, qui sont d'ailleurs assez sublimés dans l'anime : l'arrivée de Dio tout en grandiloquence, le baiser d'Erina, le destin de Danny, l'escalade à l'horizontale du mur, la déesse protectrice, la mise du masque de pierre, la rencontre de Speedwagon, la mort de Bruford, la conclusion de l'arc... tant de moments incroyables d'une puissance visuelle étudiée. C'est un véritable rollercoaster d'émotions à l'ancienne

Il y a un souci particulier de l'excès et du décalage qui est si caractéristique de JoJo : le moindre instant est esthétisé, et l'on ressent l'humanité flagrante des personnages dans leurs imperfections, leurs comportements parfois incohérents, mais dirigés par leur personnalité, leur passif, ou la situation. On se retrouve parfois devant des situations absurdes, uniquement parce que les protagonistes ont eu une réaction un peu bizarre qui a eu des effets en cascade. C'est peut-être ce soin du détail bizarre qui distingue JoJo.

Et puis, voilà, c'est le début d'une légende qui n'est toujours pas finie et qui prend ses inspirations dans un nombre incroyable d'univers, chaque arc revendiquant des références multiples. JoJo, c'est une lettre d'amour à l'art et à la fiction.