Après un premier épisode d'introduction et un opus 2 de transition, cet album retrouve une influence entièrement léonienne :
- Durango a retrouvé sa tenue de pistolero à la Django ou à la Blondin, c'est comme on veut
- l'ouverture repique une scène entièrement pompée sur le Bon, la Brute et le Truand (scène chez l'armurier)
- l'intimidation sur le chef de train est un clin d'oeil fameux à Lee Van Cleef
- le dégommage des 3 types page 7 rappelle un plan typique de Leone
- la silhouette de Clint avec son poncho page 28...
Comme on le voit, la filiation est évidente, dès le tome 1, Yves Swolfs revendiquait le style "spaghetti western" pour se démarquer des autres BD qui à l'époque lui auraient fait une rude concurrence, telles l'incontournable Blueberry (western crépusculaire), Comanche (western de la terre), Mac Coy (western militaire) et même Buddy Longway (western trappeur).
Ce scénario est moins linéaire, un peu plus complexe, mais conforme à des situations déjà vues : possession, pouvoir, ambition politique, corruption, magouilles, traitrise... où Durango met les pieds en plein dedans, et l'épisode porte bien son titre, il tombe dans un vrai piège, et ça finit inéluctablement par un vrai duel à l'italienne, c'est à dire vu à la façon de Sergio Leone (gros plans sur les yeux et les colts). A cela s'ajoute des gueules d'acteurs, et le fameux Mauser que Durango va trimbaler durant toutes ses aventures.
Le dessin franchit un pas supplémentaire, c'est indéniable ; il est plus appliqué, plus maîtrisé même s'il doit encore s'améliorer au niveau des yeux verts de son héros trop inexpressifs, et beaucoup d'images adoptent un format cinemascope. La dernière page offre de belles images qui soulignent l'errance du héros qui est sa raison d'exister ; sans oublier la belle couverture d'album. Encore un bel épisode, agréable à lire qui met la série sur de bons rails et l'installe définitivement parmi les grands westerns franco-belges en BD.