Premier manga du tandem Tou Ubukata / Mami Itou (à qui l'on doit la magistrale version papier du Chevalier d'Eon), et construit sur le modèle d'X de Clamp, Pilgrim Jäger transporte son lecteur dans l'Italie du XVIème siècle, afin de le convier à assister aux derniers soubresauts d'un monde en mutation. Ou plus prosaïquement : à la chute de l'Eglise de Rome.
Car alors que quatre pêcheurs capitaux placent leurs pions sur un échiquier à taille humaine, le Grand Inquisiteur Bernard Gui, fort de l'appui de plusieurs grandes familles de la noblesse, rassemble les trente deniers d'argents annoncés par la prophétie. Trente individus qui n'ont en commun que des pouvoirs hors-normes et un destin tragique, trente figures historiques réinventées parmi lesquelles on retrouve Paracelse, Michel-Ange, Ignacio Loyola, ...
Cependant c'est d'abord autour du quotidien de deux orphelines en errance, Karin Atlantic et Adel Asheed, saltimbanques le jour et exorcistes la nuit, que s'axe le premier acte de cette fresque fascinante, dense, saturée de références aussi érudites qu'iconoclastes, et mises en valeur par un trait superbe et détaillé (bien que confus pendant les scènes d'action), rappelant les meilleurs travaux de Nobuteru Yuki.
Malheureusement, comme le Chevalier d'Eon des années plus tard, la publication sera interrompue prématurément, coupant court à ce qui, pourtant, s'annonçait comme le Vagrant Story du manga.