Plagiat !
6.5
Plagiat !

BD franco-belge de Benoît Peeters et Alain Goffin (1989)

Pour élaborer son scénar, Peeters a puisé son inspiration dans la mésaventure survenue dans les années 80 à un ami d’Alain Goffin, le peintre bruxellois Stefan de Jaeger, dont certaines œuvres auraient été « pompées » par David Hockney. Même si l’affaire est plus complexe et qu’il n’y a jamais eu de procès, « Plagiat ! » en reprend les grandes lignes et les extrapole en flirtant avec les codes du thriller. Selon les propres termes de Goffin, le personnage excentrique de Van Meer est calqué sur l’artiste belge.

Incontestablement, on retrouve la patte des célèbres créateurs des « Cités obscures », avec un univers nimbé de fantastique où l’architecture tient toujours une place prépondérante, tout comme les vertiges existentiels des protagonistes dans un monde dénué de sens où viennent se fracasser les certitudes. Soyons honnêtes, la narration imaginative mais elliptique (due peut-être au format un peu court) et quelque peu ubuesque, même si elle soulève beaucoup de questions, n’est pas le point fort du livre, qui vaut davantage pour son dessin. L’élégante ligne claire d’Alain Goffin appartient à cette mouvance « eighties », mix d’influences hergéennes et graphisme vintage très stylé, dans laquelle s’inscrivaient des auteurs tels que Serge Clerc, Yves Chaland, Ted Benoît ou Floc’h. Ce n’est pas de la science-fiction mais on peut qualifier le récit de futuriste dans la mesure où il se déroule à la fin des années 90. Malgré le réalisme du trait, les « Fifties » y sont discrètement honorées sans crainte de paraître anachroniques, en particulier avec la représentation de modèles automobiles d’’époque, mais c’est pourtant bien ce qui contribue au charme du graphisme auquel tous ceux qui ont vibré avec Tintin dans leurs jeunes années ne resteront pas insensibles.

Au-delà du volet narratif évoqué plus haut, « Plagiat ! » est davantage digne d’intérêt si on l’envisage comme une parodie douce-amère du milieu égotique de l’art. Comme on pourra souvent le vérifier, celui-ci aime à créer ses propres mythes, non sans quelques arrière-pensées motivées par un aspect pécuniaire enrobé de snobisme, plutôt qu’un goût sincère pour les qualités artistiques d’une œuvre.


LaurentProudhon
7
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le 9 sept. 2023

Critique lue 9 fois

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