Quand est t’il de Dieu, existe t’il et que devient il après tout ce temps passé à observer l’Homme. C’est sous un fond de récit d’affrontement et de psychologie, que Platinium end portera une observation bien plus profonde, en passant par les échecs de notre ère, jusqu’à la vision du tout-puissant et de son avenir.



Ōhba s’illustre d’abord dans la création d’un système de pouvoir, ici ce n’est pas un objet, mais trois qui seront offert aux Hommes. Deux flèches, la première (rouge) permettant d’obtenir l’amour, la deuxième (blanche) accordant la capacité de donner la mort à un individu, et des ailes octroyant au sujet la faculté de se déplacer en tout lieu.


Ensuite un compagnon céleste, attribué à chaque candidat, un ange au nom bien singulier, éclaircissement de la personnalité de son porteur. Ces anges, à l’apparence parfois difforme, parfois éblouissante, représentant de la pureté ainsi que des ténèbres. Comme si l’enfer et le paradis ne faisaient qu’un.


Une poignée d’élus, choisis parmi ceux qui n’ont plus goût au monde, une poignée d’hommes, représentant ce qui meurt dans cette nouvelle société occidentale.



Un jeune homme (Kanade), dont la fascination pour le sacré l’amènera jusqu’à la folie meurtrière. Une femme (Yuri), qui dans son obsession de plaire et de s’illustrer aux yeux du monde a perdu tout sens de la vie.


Un enfant (Susumu), abandonné à l’ennui, dont le sourire illusoire et le besoin de jeu s’affichent pour cacher une terrible souffrance. Un père (Mukaidō), en proie à la maladie, sa lucidité à toute épreuve face au monde, son inévitable destinée.


Cette œuvre ne manque pas de drame, et nous pourrions continuer ainsi assez longtemps. Mais c’est avant tout, une invitation à décortiquer ce monde moderne et l’effet qu’il a sur le cœur et la chair des Hommes.



Le premier défaut du manga est évidemment son esthétisme. Un pinceau si élégant, si sensuel, qui frôle, dans les moments d’horreurs, le malsain. Et avec lui, un mélange de tons plus perturbant qu’enrichissant car mal maîtrisé.


Deux personnages principaux, dont l’histoire dénote grandement par rapport à l’ensemble du récit. Saki, dont le passé ne sera pas vraiment révélé. Et, Mirai qui sera recueilli par une belle-famille ignoble après la perte de ces parents, ce récit digne de Cendrillon, semble un peu facile, mais sera traité avec une horreur telle, qu’il en devient dérangeant.


Cependant, peut-être, ce héros (Mirai) si fragile, si humain, fut-il voulu par Tsugumi Ōhba, comme solution à ce monde devenu obscène. Lui, qui pardonnera à cette humanité, qui refusera le pouvoir de prendre la vie.



Les références à la Chrétienté, y sont d’ailleurs nombreuses, bien évidemment les treize élus (dont un qui deviendra dieu), ou encore le nombre trente-trois, qui reviens à de nombreuses reprises, dans la durée de la flèche rouge par exemple (est pourrait faire référence à l’age de crucifixion de Jésus Christ, nombre très important dans la religion chrétienne), également la croix et la colombe qui apparaissent dans le dernier tome.


L’évocation de cette religion garde cependant une part de mystère dans ce récit. On pourrait interpréter celle-ci comme représentante d’un ancien monde qui meurt, pour laissé place, aussi triste ou joyeux que cela puisse paraître, à ce nouveau dieu, amené par l’ère moderne et ses croyances.



Même si Platinium end reste inspiré du grand Death Note son aînée, par sa réflexion similaire, et par son départ qui reste le même (l’Homme se voit offrir le pouvoir), cette œuvre possède à bien des égards, une singularité, et pourrait grâce à ces personnages et aux réflexions qu’elle porte, dépasser le premier manga de ce même auteur.


Ōhba conte ici, sa détestation de l’époque moderne, sa glorification de l’amour et sa vision (personnelle) de dieu. Devenu pour lui spectateur de la danse macabre que l’Homme lui impose, martyr de sa propre création dont il ne peut se résoudre à mettre fin. Bref une œuvre bien triste, mais dont l’analyse ne peut qu’enrichir votre connaissance du monde et de vous même, vous poussez à trouver dans ce monde, tantôt ignoble, tantôt magnifique, le bonheur.

Leonydas
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le 3 mai 2023

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