Totalement dégueulasses, les aventures de Gilles Hamesh sont une grosse farce bête et méchante, très drôles, et dessinées avec talent.
Les auteurs, qui ne sont pas tombés du dernier camion, imposent dès la première histoire une ambiance hardboiled complètement barrée, où l'on assiste aux investigations consternantes d'un privé corrompu jusqu'à la moelle qui ferait passer Bukowski et Bad Lieutenant pour d'aimables plaisantins.
Les mésaventures de ce héros lamentable sont curieusement - et peut être artificiellement - scandées par des extraits choisis de l'épopée de Gilgamesh, le roi mythique d'Uruk en quête d'immortalité, ce qui ne manque pas d'évoquer le Privé à Babylone de Richard Brautigan, ni de créer un décalage salvateur avec le contenu volontairement outrancier et grand-guignolesque du bouquin: À moins d'être le dieu des égouts lui-même, aucun mortel ne survivrait à une telles inflation de merde, de sécrétions, de meurtres et d'infamies en tout genre… Pareil déferlement force le respect, et ne peut relever que de l'épopée, effectivement.