Les Nombrils, ou l’art de briller en société… à coup de vacheries

Pour qui tu te prends, le premier tome des Nombrils de Maryse Dubuc et Delaf, est une plongée grinçante et hilarante dans l’univers des adolescentes où l’amitié a des allures de combat de catch, avec du vernis à ongles en guise d’arme. Sorti en 2006, cet album plante le décor d’un lycée où le miroir et l’apparence sont rois, et où les relations humaines oscillent entre superficialité et piques bien senties.


L’histoire tourne autour de Karine, une fille timide et maladroite, et de ses "amies" Jenny et Vicky, deux reines du lycée qui semblent avoir fait un pacte secret avec l’ironie et la méchanceté passive-agressive. Entre manipulations, blagues aux dépens des autres, et faux sourires dignes d’un concours de Miss, les interactions entre les trois filles transforment chaque page en un savoureux cocktail d’humour noir et de situations embarrassantes.


Ce qui fait la force des Nombrils, c’est leur manière de jouer avec les clichés du lycée tout en les exagérant à l’extrême. Jenny et Vicky incarnent à la perfection les stéréotypes des filles populaires, mais elles sont si caricaturales qu’elles deviennent à la fois insupportables et hilarantes. Quant à Karine, elle est l’anti-héroïne parfaite : un personnage dont on rit, mais pour lequel on ne peut s’empêcher d’avoir un peu de peine.


Visuellement, Delaf offre un dessin moderne et expressif, avec des personnages exagérément élancés et des expressions faciales qui capturent à merveille toute la mesquinerie et l’humour de leurs interactions. Chaque case regorge de détails qui renforcent l’humour et la dynamique sociale du trio. On sent que chaque sourire, chaque regard en coin est soigneusement calculé pour faire mouche.


Cependant, si l’humour est efficace, on pourrait reprocher au récit de ce premier tome de tourner un peu en rond : le schéma Jenny et Vicky martyrisant Karine finit par être prévisible, même si le ton reste suffisamment acide pour divertir. Heureusement, des indices subtils laissent entrevoir que cette dynamique pourrait évoluer dans les tomes suivants.


En résumé, Pour qui tu te prends est une introduction réussie et délicieusement piquante à l’univers des Nombrils. Ce premier tome pose les bases d’un humour cruel, mais étrangement addictif, et d’une critique savoureuse des relations adolescentes. À lire avec un sourire en coin… mais attention, on pourrait aussi vous demander : "Pour qui tu te prends ?"

CinephageAiguise
7

Créée

le 11 déc. 2024

Critique lue 1 fois

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