Olivier est un garçon de 7 ans et à chaque étape de sa vie, il revient sur un contexte, une sensibilité, une éducation, une forme de vie qui nous explique pourquoi il a tué Pierre. Cette bande-dessinée est à lire absolument même par des lecteurs pré-adolescents, accompagnés de leurs parents. Le crime n'est pas celui que l'on croit, ou presque.
Olivier est élevé par ses parents et, pendant les vacances, va chez ses grands-parents. Il nous conte ses vacances, entre baba-cool attitude des premiers, religiosité des seconds et colonies. Il nous parle de l'avant, du pendant et de l'après... parce qu'il est question d'attouchement, de pédophilie.
Ce geste, cette infamie, cet acte émis par une personne de confiance. Pierre est un prête, homme de foi sorti du carcan, très proche des autres qu'ils soient ou non de la même confession. Forme d'autorité, il est aussi un homme modèle: bon vivant, à l'écoute, altruiste. Et puis il est entré dans la famille, en tant qu'ami, soutien d'éducation, responsable des vacances.
C'est de tout ce qui fait une proximité, une sensualité, une éducation sexuelle dont il est question dans ce livre. Olivier découvre la pudeur en même tant que la nudité comme forme de présence au monde. Il découvre les premiers émois mais aussi les gestes, les attitudes entre adultes et enfants.
La religion a aussi une place ici. Comme ordre établi, comme garant d'une moralité. Elle constitue une forme de contre-pied moral à une utopie "politique" de "peace and love". C'est ainsi une bonne part des approches de la sexualité aux enfants qui se retrace là.
Et puis il y a l'acte, pas explicité, pas accepté (et pas acceptable). Et c'est aussi la culpabilité de la victime qui choque, qui interpelle... un malaise qui se lit à tous les âges, le poids des traditions, des éducations, de l'affectif, cette non-trahison des sentiments.
L'histoire, réelle, a une fin. Elle seule mérite de relire le livre, de revenir découvrir les détails de cet attachement et de cet "acte de mort" particulier.