Paurquoi ai je attendu si longtemps??

S’il y a bien un titre dont on me parle depuis un bon moment, que l’on me conseille depuis tout aussi longtemps, c’est bien Preacher de Garth Ennis et Steve Dillon. Considéré par beaucoup comme une œuvre majeure de son époque, et culte de son auteur. Et avant que l’on ne parle de série télé pour bientôt, basée sur l’œuvre, je n’en connaissais même pas les grandes lignes directrices. Autant dire que l’arrivée du titre Vertigo chez Urban Comics était très, très attendue, malgré mon manque d’intérêt pour les récents travaux de Steve Dillon.

Au premier abord, le révérend Jesse Custer ne semble pas différent des autres petits pasteurs de province des États-Unis. Isolé dans une petite ville du Texas, le temps s’y dilue sans agitation, et avec lui, l’ardeur de sa foi. Jusqu’au jour où un terrible accident vient anéantir son église et décimer l’ensemble de ses fidèles. Depuis lors, Jesse développe d’étranges pouvoirs émanant d’une force spirituelle appelée Genesis. En proie au doute et à de multiples interrogations, l’homme se lance alors à la recherche de Dieu et, chemin faisant, croise la route de Tulip, son ex-fiancée, et de Cassidy, un vampire irlandais. Un pèlerinage au cœur de l’Amérique, où le Bien et le Mal ne font qu’un.
(Contenu : Preacher #1 à 12)

Au ciel c’est la panique, les anges, les séraphins, les archanges, tous sont en état d’alerte suite à la disparition de Génésis. Sans que l’on ne sache de quoi, ou qui il s’agit, on comprend aisément que cela est assez dramatique, vu l’état dans lequel cela met tout le corps angélique.
Pendant ce temps sur Terre, une jeune femme blonde, assez jolie, attend patiemment mais très fébrilement l’objet de son contrat, de son premier contrat, et le meurtre espéré se transforme en scène bien gore dans une voiture. Heureusement alors que Tulip s’enfuit, car tel est son nom, elle est prise en stop par un certain Cassidy…
Pendant ce temps, dans un petit patelin paumé au cœur des Etats-Unis, le genre de petite ville que l’on traverse dans les films d’horreur pour ado en manque de sensations fortes, nous rencontrons le pasteur Jesse Custer, dans un état d’ébriété avancé et se laissant aller à pas mal de révélations sur ce qu’il a pu entendre au confessionnal. Le lendemain, après avoir manqué de peu un tabassage dans les règles de l’art, toute la communauté est à l’église pour écouter son sermon. C’est à ce moment là que Génésis pénètre son corps et que les quelques deux cents péquenots dans l’église s’embrasent avant que l’église n’explose !
Ainsi commence Preacher, rien ne sera épargné dans ce récit violent, trash, gore et au langage très fleuri ! On nous explique très vite que Jesse, notre héros est habité par Génésis, qui lui donne le pouvoir de forcer les gens à faire ce qu’il demande et si cela consiste à mettre son membre très intime dans un endroit opposé censé être inaccessible on se retrouve obligé de le faire ! Grâce à Génésis, issu d’une union interdit, inimaginable (!!!!), Jesse apprend que Dieu a pris une décision impensable (!!!!), et il décide à retrouver Dieu pour le mettre face à ses responsabilités ! Accompagné de Tulip, son ex-fiancée qui le suit afin de savoir pourquoi il l’a largué pour rentrer dans les ordres, loin d’être la nana coincée qu’elle paraît, et de Cassidy un mec chelou extrêmement vulgaire et au régime alimentaire surprenant.

Ce premier pavé, un peu moins de trois cent quatre-vingts pages, et des épisodes allant du #1 ou 12, se décompose en trois parties, en trois sagas.
Dans la première partie, nous faisons connaissance avec ce trio auquel on accroche de suite. Ils sont si différents mais en même temps si proches. Ce sont trois personnages barrés et complètement cassés par la vie. Et Garth Ennis abreuve son récit avec d’autres personnages hauts en couleurs, Tête de Fion pour ne citer que lui. L’auteur ne recule devant aucune idée, aucun tabou ne le retient, il tape sur tout et tout le monde. Les personnages utilisent un langage trash, qu’on a peu l’habitude de lire dans un comics, et qu’on entend surtout lorsqu’on discute entre potes, et encore, je ne suis pas sûr d’aller toujours aussi loin. Mais Garth Ennis s’en fout, et au final c’est un pied pas possible de suivre certaines répliques !
Jesse, Tulip et Cassidy, font donc route ensemble, une quête divine, un pouvoir divin ahurissant, un passif mystérieux entre Jesse et Tulip, le Saint des Tueurs après Jesse, un véritable meurtrier à faire pâlir les plus grands bouchers de l’histoire, une ambiance exquise, des dialogues savoureux, une histoire ancrée dans son époque avec pas mal de références à des événements réels, bref un road movie qui s’annonce passionnant !

La seconde partie voit notre trio confronté à un tueur en série à New York. On y découvre deux nouveaux personnages, le super flic homophobe Paulie Bridges et son collègue, le plus grand poisseux de l’histoire de l’humanité John Gland (qui porte divinement bien son nom !).
On avance doucement, on ne voit pas trop où l’on va jusqu’au moment où tout part en « couille », où le trash et la violence augmentent d’un niveau, et où le sadomachochisme se mêle au blasphème afin de faire un peu plus hurler dans les chaumières puritaines. Mais pour les autres, tout cela n’est que plus jouissif !

Enfin, dans la dernière partie, Tulip et Jesse se retrouvent seuls. Et alors que la jolie blonde explique le pourquoi du comment de l’arme à feu dans son sac, le passé de Jesse le rattrape avec la rencontre de Jody et T.C. qui forcent les deux ex-amants à se rendre chez Jesse pour y voir sa mémé. Et quelle grand-mère monstrueuse tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Jesse est alors obligé de tout raconter à Tulip avant le drame…
Et la vie, l’enfance de Jesse font froid dans le dos. Difficile de trouver un passé plus douloureux, plus triste et plus révoltant que celui de ce pauvre gosse. De la haine, de la méchanceté gratuite, de la torture, du sang, des meurtres tout cela sous couvert de la Bible, du rapprochement avec Dieu. On comprend mieux comment Jesse en a été réduit à faire ami-ami avec John Wayne. Oui j’ai bien dit John Wayne !
Mais l’heure est venue pour Jesse de se venger et pour Tulip de vivre une expérience bouleversante !...

Au dessin, Steve Dillon m’a conquis, et pourtant je n’étais vraiment pas fan de ses récents travaux. Mais là, l’artiste excelle dans sa façon de nous dépeindre l’horreur des situations et des gens que nous rencontrons au fil de notre lecture. Le gore est vraiment gore, le trash est vraiment trash et le malsain est vraiment malsain. Un excellent travail.

Excellente idée de la part d’Urban d’avoir laissé le courrier des lecteurs, cela permet de se rendre compte à quel point Garth Ennis est un mec grave !
Pas mal de pages bonus, principalement des couvertures et des dessins avec quelques annotations.

Bref, ce premier tome est quasiment une révélation. C’est avec un plaisir coupable que nous suivons ses aventures barrés et pleine d’humour, violentes et vraiment gore, sadique et grossière. Des personnages cassés qu’on s’amuse à suivre et auxquels je me suis attaché très vite. Une lecture difficile à arrêter tant cette histoire proposée par Garth Ennis me fait prendre mon pied !
Romain_Bouvet
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Créée

le 31 janv. 2015

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Romain Bouvet

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