Fan de complots politiques et aimant les histoires se rapportant au clonage, un comics regroupant les deux ne pouvait qu’attirer ma curiosité. Et puis autant le dire d’emblée, généralement les œuvres proposées par Delcourt sont plutôt bonnes. Et quand on rajoute Juan José Ryp au dessin, j’achète les yeux fermés. Ai-je eu raison ? Nous allons le découvrir de suite !
Le docteur Luke Taylor mène une vie en apparence parfaite et tranquille. Un travail passionnant au sein d’un laboratoire, une belle maison, une adorable épouse qui est sur le point de donner naissance à leur premier enfant… jusqu’au moment où un double de lui-même fait irruption chez lui, agonisant. Il lui apprend qu’il n’est qu’un clone parmi tant d’autres et que lui et sa famille sont en danger…
Efficace, rythmée et violente, cette nouvelle série écrite par David Schulner – scénariste notamment de Desperate Housewives - est dynamisée par le dessin de Juan José Ryp (No Hero, Wolverine, Black Summer). Publiée aux USA sous le label Skybound, la maison d’édition de Robert Kirkman (Invincible, Walking Dead), Clone est d’ores et déjà en cours d’adaptation télévisée.
Quel plaisir de plonger à nouveau dans un comics dessiné par l’artiste espagnol ! Encore une fois il nous montre son souci du détail anatomique sur ses personnages. Beaucoup de traits, beaucoup de coups de crayon, mais au final des personnages riches et détaillés. Et cela se remarque encore davantage sur un titre comme Clone, où le personnage principal, Luke Taylor, se retrouve face à une multitude d’autres clones comme lui ! Et pourtant Ryp parvient à les différencier afin qu’au premier coup d’œil nous puissions savoir qui est qui. Ne parlons pas des décors qui sont dans la même veine. Mais tout le monde ne sera pas fan de l’artiste au style très marqué, très prononcé. Toujours un immense talent pour les scènes d’une rare violence.
Comme toujours, j’ai un peu de mal avec la colorisation signée Félix Serrano, ne rendant pas toujours hommage aux traits de Juan José Ryp.
Que feriez-vous, si en vous préparant, votre femme enceinte et presque à terme à l’étage, vous découvriez une personne étant votre reflet exact dans le miroir face à vous ? Voilà ce qui arrive au héros de Clone : Luke Taylor. Encore plus fou lorsque ce dernier apprend qu’il est en fait un clone ! Comment réagir ? Comment simplement concevoir l’idée ? Se dire que tout ce qu’on vit, tout ce qu’on est, n’est en fait qu’un mensonge vu que notre existence même est une supercherie ! Malheureusement, ou heureusement, c’est au choix, Luke Taylor ne vas pas avoir le temps de tergiverser sur cette surprenante et cruelle vérité, vu qu’un troisième clone, s’amusant à assassiner tous les autres, vient de capturer sa femme. En effet, contre toute attente, et en s’opposant à toutes les lois de la science, Luke Taylor a réussi à se reproduire !
Si on ne peut contester le fait que les débuts de Clone vont à mille à l’heure, cela se fait, selon moi, au détriment du travail psychologique sur le personnage central ! Son ressenti vis-à-vis des récentes révélations n’est qu’effleuré en surface, il n’y a rien d’approfondi pour le moment. L’action et les rebondissements s’enchainant et ne laissant finalement pas la place à une introspection.
A côté de cette course-poursuite entre clones, nous découvrons que le gouvernement est au courant de ces expériences qui datent du début des années soixante-dix. Plus qu’au courant, ils en sont carrément les instigateurs. Et à la veille d’un vote crucial au sénat américain concernant l’interdiction de l’usage de cellules souches embryonnaires, les dirigeants se déchirent et se livrent aux plus basses actions. Le gouvernement en place cherchant par tous les moyens à cacher son implication dans une pratique datant de plusieurs dizaines d’années !
Bref, une excellente idée de base, des personnages auxquels on s’identifie très vite, un fond politique passionnant, des dessins magnifiques et pourtant il manque quelque chose. Tout va trop vite, tout s’enchaîne à un rythme effréné et on se retrouve avec une histoire où la forme prend le pas sur le fond.