J'aime pas "Blast". J'aime pas "Presque" non plus. C'est marrant, Je savais pas que Larcenet avait déjà tenté un truc plus expérimental comme ça à ses débuts. Je trouve qu'il y a un lien évident entre les deux œuvres.
Dans le traitement graphique déjà, qui mélange dessin expérimental pour adulte et dessin enfantin. Sauf que cette fois-là, il n'avait pas encore de rejeton pour l'aider. Autant le dire de suite, le mélange des deux dessins ne fonctionnent pas. Les styles sont soit trop proches (pas assez enfantin) soit trop éloignés (styles trop différents) ; en d'autres termes, le décalage, ou le contraste, n'est pas assez fort entre les deux styles pour que ça fonctionne. Mais le problème n'est pas que graphique : la narration est toute autre : le dessin enfantin permet à l'auteur d'amener des blagues, sauf que ce n'est jamais drôle. Parfois ça casse aussi le rythme de l'histoire (quand le personnage se met à vomir). Le dessin plus 'mature' manque de jusqu'au-boutisme : pourquoi ne pas avoir tout dessiné de la sorte au lieu de privilégier le gros nez pour le personnage de Larcenet ? Cela ne colle pas. M'enfin, il faut bien le dire, il y a quelques jolis dessins, même si c'est parfois un peu brouillon, il y a de belles masses de noir.
La narration est ce qui déçoit le plus. En gros, Larcenet ne fait que geindre durant tout l'album. Il aurait pu nous raconter pas mal de situations auto-biographiques (il énumère une série de choses horribles qu'il aurait vécu). Avec pour objectif de faire son temps. Comme dans le film de Boorman (qui n'était pas encore sorti à l'époque). Au lieu de ça, il parle, il parle, il parle, et raconte une anecdote pas vraiment géniale, au dénouement un peu plus relevé. Il y a aussi ce Blast que le personnage vit, ce moment de quiétude en apercevant un oiseau. Mais bon, il n'en fait pas grand chose. L'auteur préfère faire de belles phrases, toujours avec sa philosophie de comptoir, son sens du donneur de leçon, c'est un peu triste. Il force trop. Je ne pense pas que Céline se soit forcé à écrire les phrases qui marquent les esprits, ici, on sent bien qu'il veut entrer dans le panthéon, qu'il veut se faire remarquer... mais ça ne prend pas, les phrases ne sont pas très intéressantes. Sans doute parce qu'il ne les contextualise pas. Ben oui, en fait, il n'y a pratiquement pas de contexte dans cet album, puisque l'auteur ne fait que se plaindre, pleurnicher. Le plus beau c'est quand il dit avoir vécu un petit bout d'enfer...
Bref, "Presque" est un récit qui m'a un peu fait pitié, c'est triste à dire. Le plus triste, c'est que je ne remets pas en question ce qu'il a dû vivre réellement, juste que la manière d'en parler est du pur misérabilisme alors qu'il y avait moyen de faire un vrai bon récit passionnant sur le service militaire, en invitant le lecteur à découvrir ce que l'on ne dit pas... Dommage.