Projet Overkill - Incognito, tome 1 par xeutrope

Xander et Zack Overkill sont membres de Black Death, un syndicat du crime super humain. Après un dernier coup d’éclat, Xander se fait tuer par le SOS, sorte de service de régulation des individus dotés de pouvoirs.

Zack se fait récupérer et est placé dans un programme de protection des témoins. Il mène une vie bien sous tout rapport mais à mourir d’ennui pour lui qui avait une existence consacrée au crime et bourrée d’action. Travailler dans un bureau, distribuer le courrier à des gens inintéressants, fantasmer sur sa collègue, prendre les médicaments inhibiteur qui l’empêchent de bénéficier de ses attributs surnaturels…son seul loisir: consommer des drogues. C’est défoncé qu’il traverse cette vie qu’on lui a imposé.

Voilà le point de départ du premier arc narratif d’Incognito, série scénarisée par Ed Brubaker et dessinée Sean Phillips dont la publication a débuté en 2008. Cette première histoire a été développée sur 6 numéros, longueur qui rentre la moyenne généralement observée des travaux de Brubaker et Phillips. Le scénariste et l’auteur se connaissent bien pour avoir déjà travaillé ensemble sur Sleeper et Criminal avant d’aborder Incognito. C’est la deuxième fois qu’il publient sur Icon, label “indé” de Marvel qui a hebergé quelques comic books écrits par Mark Millar dont Nemesis avec lequel je vais dresser une comparaison. Les auteurs du comic qui nous intéresse aujourd’hui publient actuellement Fatale chez Image dont je vous parlerai dans un prochain article.

Incognito, donc. Ed et Sean (c’est des potes) s’intéressent à la racaille super humaine. On retrouve le même genre de personnage que dans Nemesis: des gens sans scrupules capables de perpétrer des meurtres de masse sans ciller. Sauf que dans Nemesis, le mal disparaît, meurt, tué par l’ordre, en l’occurrence le policier Blake Morrow.

Ici, Zack Overkill va devoir composer avec l’ordre, mourir ne l’aurait pas arrangé, il aime bien trop la vie. Mais cette existence sans pouvoirs le fait dépérir. Il ne peut rien faire, surveillé par une espèce d’agent de probation patibulaire qui le méprise.

Les auteurs ont imaginé un monde complexe bourré d’agents double, d’espions, d’organisation secrètes et rivales oeuvrant dans l’ombre et luttant les unes contre les autres pour contrôler le monde.

De grands héros ont marqué l’histoire, le professeur Zeppelin, Lazarus, des personnages dignes de pulp fictions des années 40. Le monde connaît ces héros mais n’a pas conscience que des affrontements apocalyptiques ont lieu. Les civils, les personnes sans pouvoirs, n’ont d’autre rôle à jouer que celui de victimes collatérales.

J’ai trouvé l’idée intéressante. Nemesis était un arc médiocre, un comic-book mal écrit, mal fini. Ici, l’écriture de Brubaker est de qualité, l’auteur des meilleures histoires récentes de Captain America et co-auteur (avec Fraction, décidément) de The Immortal Iron Fist n’a plus rien à prouver. Certes, quelques maladresses, on peut être un peu perdu de temps en temps mais globalement tout se tient et s’enchaîne bien.

Il est difficile de ressentir de l’empathie pour le personnage d’Overkill. Antipathique, violent, égoïste, il change petit à petit mais j’ai, personnellement, eu un peu de mal à faire évoluer mon jugement à son propos. La révélation de ses origines le fait souffrir atrocement. Le lecteur (moi en l’occurence) se délecte de cette douleur (l’idée de ses origines est particulièrement intéressante, d’ailleurs).

Une ribambelle de personnages apparaît au fur et à mesure du développement de l’histoire. Des savants fous, des paramilitaires, des femmes fatales. Tous bien caractérisés, il est plaisant de les voir interagir avec le protagoniste. Les adversaires de Zack sont assez machiavéliques pour nous faire préférer Overkill lors des confrontations. C’est dire.

Sean Phillips fait du bon boulot, son stye toujours bien particulier, pas nécessairement très superhéroïque, fonctionnant plutôt bien. Ses personnages ne sont pas nécessairement très charismatiques graphiquement parlant, tout n’est pas super dynamique mais il ya de vraies gueules, de vraies postures, de vraies femmes vraiment plantureuses. Du vrai gore. Il n’est pas très présent mais quand il est là on le voit bien. Ça dégouline, on distingue les morceaux. Ici c’est Val Staples qui s’occupe des couleurs. Il s’arrange pour créer des ambiance collant parfaitement à la situation et aux personnages présents.

Une bonne histoire, des dessins qui fonctionnent. ED ET SEAN, UN COUPLE QUI FONCTIONNE.

À LIRE, ACHETER, ET SAVOURER

Incognito: project overkill par Ed Brubaker, Sean Phillips et Val Staples.
Deux arcs sont parus, disponibles en volumes reliés en vo et vf.
Vf chez Delcourt, vo chez Icon.
xeutrope
8
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le 25 oct. 2012

Critique lue 280 fois

xeutrope

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