Pure trance par amandecherie
Junko Mizuno déverse dans cette aventure foutraque une esthétique kawaii mâtinée de trash. C'est un peu du Hello Kitty sous amphétamines ou Chococat qui taquinerait du fouet. Dans cette histoire destinée à l'origine pour des CD de techno (Avex Trax), la population, réfugiée en sous-sol après une guerre mondiale, ne se nourrit qu'à l'aide de capsules de « Pure Trance », dont la sur-consommation engendre de graves troubles physiques. Au Centre 102, l'infirmière Kaori, secondée par des robots, vient au secours des jeunes filles boulimiques. C'est sans compter sur La Directrice, aussi sadique que lubrique, et droguée au Liquide Pomme, le médicament des patientes.
Dans cette bande dessinée d'anticipation, la présence des robots et d'une technologie exacerbée n'empêche pas le récit d'être très charnel : outre les héroïnes qui passent leur temps à demi-nues ou en lingerie fine, on constate également que les humains muent en changeant de peau à la manière des reptiles, ou que les utérus sont littéralement implantés dans les filles. Car si l'histoire multiplie les allusions sexuelles, les hommes n'en sont pas moins absents, si ce n'est pour quelques personnages masculins débiles ou simplement libidineux et couards. Une tendance qui sera confirmée dans la trilogie qui suit cet ouvrage, ré-interprétation des contes européens (La Petite Sirène, Cinderalla, Hansel & Gretel).
En bas de la plupart des pages de Pure Trance, des trivias (notes) explicitent la nature d'un objet ou d'un concept vu dans la BD : la peluche Bébé Ours Ma-Chan, les doudous à vomi, l'émission de télé Coming-out des perruques, etc. Un détail qui renforce cette impression d'un monde en perpétuel renouvellement, fleurissant: on a le sentiment que Junko Mizuno pourrait réinventer un univers à chaque page. Le lecteur est comme englouti dans le tourbillon de l'auteure fait à la fois de mièvrerie, de science-fiction, de noirceur et de perversions. Prêts ?
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