Les étudiants d'Harvard sont beaux, intelligents, spirituels, viennent de familles aisées, ont des confréries et des connexions dans les hautes sphères. Mark Zuckerberg lui, n'a pas "3 amis pour faire un bridge", mais il a de sacrées compétences en code. Son idée - si c'est bien la sienne, ce sur quoi repose toute l'intrigue du film - c'est de faire entrer le monde réel où il n'a aucune aptitude sociale dans l'univers virtuel où il se complaît.
Un film qui a pour sujet un site internet est, sur le papier, bien peu cinégénique. Or, il est filmé comme un thriller, certes bavard, où les coups d'épée sont les phrases assassines assénées par des personnages pas tant motivés par l'argent, plutôt par la gloire.
Le casting est assez brillant, si Jesse Eisenberg en fait peut-être un peu trop dans le genre autiste qui ne sourit jamais, Andrew Garfield est impeccable dans le rôle du meilleur ami bafoué ainsi que, plus improbable, Justin Timberlake en prétentieux messie.
Le film alterne les scènes entre la création et le développement du site, et les deux procès qui mettent en cause un Zuckerberg stoïque. On notera l'incroyable séquence de la course d'aviron, point d'orgue qui marque la consécration du créateur de Facebook sans pour autant qu'il n'y apparaisse.
On aurait pu penser que The Social Network dépeignait la victoire du nerd. Il décrit plutôt le cynisme ambiant de l'époque, où le héros aigri doit enfiler une carapace de méchant pour gagner sur les gentils, messieurs ces gentlemen d'Harvard.
Au final, le méchant n'apprend rien et n'évolue pas. Il est toujours taciturne, arrogant, vêtu de la même polaire (oui). La dernière scène du film, la seule où on voit réellement le site, est particulièrement émouvante et fixe l'image d'un homme qui demeure seul face à son écran.
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