Guy s'est endormi sur ses lauriers ...
Au fil des bulles, Guy Delisle nous fait un récit autobiographique de son expérience en Corée du Nord, tour à tour en tant que travailleur, touriste ou simple observateur occidental. Comme chacun le sait, la Corée du Nord est réputée pour être le pays le plus reclus du monde, ainsi le choix d'un tel sujet rend l'oeuvre de suite attrayante. Ceci étant, de par son périple extraordinaire, il semblerait que Delisle n'ait pas jugé nécessaire de soigner ses dialogues, sa trame narrative ou encore ses transitions.
L'histoire m'a paru décousue, probablement due à une passivité évidente de la part de Delisle. Le personnage se laisse porter par ses guides. On ne le sent pas réellement curieux à propos des usages coréens, comme si, face à l'imperméabilité du pays et à la rigueur du régime, il était impossible de faire la moindre découverte. On attend au coin de chaque page un quelconque écart, qui rendrait l'action palpitante mais non, Delisle suit inéluctablement le chemin balisé. Le personnage demeure apathique, désabusé, fataliste.
C'est probablement là d'ailleurs l'essence de la BD. Elle m'a rappelé René Leys de Victor Segalen et Madame Chrysanthème de Pierre Loti. En effet, à l'instar de ces romans autobiographiques, il y a une certaine esthétique du vide, du non-événement. La Chine, le Japon et ici la Corée du Nord ne permettent pas à l' étranger de percer leurs mystères. Il y a un tel choc des cultures entre l'Orient et l'Occident qu'ils ne parviennent pas à se comprendre, à échanger. L'étranger se contente alors de décrire froidement ce qu'il voit.
Pour en revenir à Pyongyang, on aurait pu espérer qu'elle se rattrape à l'aide de son trait mais les dessins restent quelque peu simplistes. Après le succès de Shenzhen (que je n'ai pas encore lu), Delisle aurait-il voulu transposer sa formule en changeant tout simplement de cadre et en y ôtant inévitablement une certaine fraîcheur ?