Tout d'abord, on peut remercier Joann Sfar de nous avoir concocté un biopic hors-norme, un de ceux qui ne nous donnent pas l'impression d'avoir affaire au même type de personnalité à chaque fois, tant les rouages du genre sont mécaniques ... Ici, il y a clairement de bonnes idées. On y voit le sens de la construction de l'image et de la mise en scène, auteur de BD oblige. Notamment, le double-marionnette qui est une mise en scène de la conscience de Gainsbourg, cette dualité plus connue sous le nom de Gainsbarre, et qui m'a paru efficace et habile. Ainsi, Sfar a su créer son univers bien à lui à travers l'histoire de Gainsbourg.
Côté interprétation, on s'en sort plutôt bien. Elmosnino m'a paru crédible. La plupart du temps, il arrive à éviter la tentation de la caricature. Enfin bref, il paraît que le jury des Césars a décrété qu'il s'agissait de la meilleure interprétation masculine alors s'ils l'ont décrété ... On ne peut plus trop revenir là-dessus ! Casta interprète Bardot à merveille, la preuve : elle est très irritante.
Le biopic, dans sa logique, retrace les différents événements marquants dans la vie du chanteur. On nous conte quelques anecdotes sur l'origine de certains titres. Cependant, il s'agit davantage d'une série de tableaux qui deviennent de plus en plus réduits, succincts, abrégés au fil du film. Disons que la première partie, qui va de l'enfance jusqu'à la rencontre de Bardot, est intéressante. Certains faits évoqués aident à cerner la complexité de notre héros. En cherchant à se définir en tant qu'artiste et individu, le personnage acquiert une certaine consistance. On peut y déceler d'ailleurs un lien et probablement, une identification de la part du réalisateur vis à vis du jeune Gainsbourg.
Quant à la deuxième partie, elle m'a semblé maladroite et inachevée. Joann Sfar donne l'impression de vouloir tout dire en ne disant rien. Il s'en tient aux faits et les survole, sans vouloir s'aventurer à expliquer les extravagances du chanteur. On peut y voir alors la peur d'affronter ce monstre emblématique ou encore la crainte de pas atteindre « la vérité vraie » sur Gainsbourg mais finalement, à trop vouloir prendre de pincettes, on en oublie une part des tripes ...