Triiiiiiii -Alaaaaaaaaarm!- iiiiiiiiit !!!
Franquin, c'est le type que j'adule depuis toujours. Si, parmi toutes les personnalités diverses et variées à qui je voue un culte il ne faudrait en citer une, ce serait lui. Les mots sont forts, mais l'idée est bien là : c'est un génie. Et pourtant... je n'avais jamais lu Spirou, l'oeuvre qui l'a fait commencer, la série à qui il a donné vie pendant une vingtaine d'années.
Bref. Je commence par ce "QRN", l'un des derniers qu'il a dessinés. Et là, quelle poilade! Ces gags! Ces jeux de mots! Cette introduction! J'en ai mal aux côtes. Je découvre là l'univers de Spirou, celui de Franquin, qui est ici déjà bien établi, bien construit. Je découvre le Bretzelburg, un royaume ou le vrai gouverneur n'est pas le roi mais son général manipulateur. Ça rappelle, en quelque sorte le Sceptre d'Ottokar. D'ailleurs, en général, ça rappelle à Tintin : on a un Spirou, qui est aussi Groom que Tintin est reporter, et qui a le même goût pour l'aventure. Fantasio, l'entité comique du duo, pourrait être assimilé à Haddock. Et Spip et le Marsupilami incarnent chacun une des caractéristiques de Milou : l'un pense pour le lecteur, l'autre agit pour ses compagnons.
Le scénario de Greg est au top, bourré de rebondissements, on ne s'ennuie, pour ainsi dire jamais. Les gags arrivent toujours au bon moment, le rythme est parfait. Spirou et Fantasio vont ici aider un pays, le Bretzelburg, à se délivrer de la dictature militaire qui appauvrit la population. On découvre pays sous le joug avec son immense misère, mais même là, c'est présenté de manière humoristique. On découvre ses soldats, des brutes assez idiotes, qui arrivent à crier et à siffler en même temps. On découvre aussi ce petit roi qui, drogué, ne se rend pas compte de la situation.
Graphiquement ... c'est peut-être ma partie préférée, ça me rappelle pourquoi j'aime tant Franquin. Ce trait si rapide et pourtant si parfait, c'est sa marque de fabrique. Les cases fourmillent de détails, les personnages prennent vie. Tous, même ceux en arrière plan, même le type, au fond de la case, au milieu de la foule. C'est impressionnant comme Franquin arrive à donner une âme, une expression à ses bonhommes. Il arrive à les tordre de manière improbable, et pourtant, c'est vraiment crédible. Il exagère au maximum le mouvement et les expressions faciales. Bref, je suis sous le charme.
Sur ce je dis à bientôt à Spirou, je ne vais tout de même pas m'arrêter en si bon chemin.