Quai d'Orsay : Chroniques diplomatiques, tome 1 par beebee
- " Alors, çà avance cette critique ? "
- " Terminée, Mr le Ministre... "
- " Faites voir çà...blablabla... superbe retranscription graphique des coulisses du ministère... blablabla...expressivité des personnages...blablabla... dialogues percutants... blablabla... DdV plus vrai que nature...blablabla..."
- " Votre avis Mr le Ministre ?"
- " Mais vous n'y êtes pas du tout, mon petit ! C'est poussif comme une directive européenne sur le commerce du caramel mou. Çà manque de souffle, de corones, comme disent les espagnols. "
- " De corones, Mr le Ministre ?"
- " Mais oui, des corones, bon sang ! Une critique, c'est une corrida : il faut jouer avec le lecteur comme avec un torillon, pour l'amener où vous voulez, et au passage : TCHAC ! Banderille ! TCHAC ! Banderille ! "
- " Brlmrl... mmmoui... Mr le Ministre "
- " Mais oui, la BD, ce sont des enjeux importants... Je ne vais pas vous refaire mon laïus sur Tintin, non ? Le rythme. La musique. La symphonie. Tac Tac Tac !"
- " Euh, oui bien sûr, Mr le Ministre "
- " Mais, là, attention, c'est mieux que Tintin. A cause des dialogues. Les dialogues, c'est du lourd ! Regardez mon album... Il est tout stabilossé ! Du lourd ! "
- " Je vois, Mr le Ministre, je vais reprendre tout çà"
- " C'est çà, reprenez, reprenez. Au fait, et pour la note ?"
- " Et bien pour la note, j'avais pensé quelque chose comme 8 ou peut-être 9. "
- " Voyons, mais la seule note possible, c'est 10 !"
(Entre un conseiller)
- " Allons, Alexandre, il ne peut pas mettre 10. 10, c'est la note subjective par excellence. 10, ce serait perdre toute crédibilité. Il ne peut pas mettre plus que 9, Alexandre."
- "Allez, mettez votre note comme vous voulez, et disparaissez"
- "Mais je..."
- "Alexandre, il faudrait que je te reparle de cette histoire avec les Allemands"